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L' histoire d'un vétéran ontarien - extraits des journaux de John Mould : L’enrôlement - bannière


Lorsqu’il a joint le Corps expéditionnaire canadien en 1914, John Mould était déjà un ancien combattant. Dans le premier volume de son journal, il évoque son passé lorsqu’il nous raconte le premier appel reçu après son enrôlement :

Photographie : Personnel d’état-major et officiers du 2e contingent, Corps expéditionnaire canadien, [1914]

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Personnel d’état-major et officiers du 2e contingent, Corps expéditionnaire canadien, [1914]
A. W. Barton
Négatif noir et blanc sur plaque de verre
Code de référence : C 121-1-0-13-32
Archives publiques de l'Ontario, I0019375

Journal de John Mould, Vol. 1, p. 7, 1914

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Journal de John Mould, Vol. 1, p. 8, 1914

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Journal de John Mould
Vol. 1 pp. 7-8, 1914
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario

« C’est le matin du 26 octobre (1914) que j’ai répondu au premier appel. Il était environ 4 h 30, si je me souviens bien. Après que nous avons formé les rangs et décliné notre numéro, le caporal responsable de notre groupe a commencé à m’enseigner quelques exercices militaires que je n’avais plus faits depuis douze ans. Au début, cela m’a semblé un peu étrange bien que ce ne fût pas ma première expérience de l’armée. J’avais déjà servi sept ans comme soldat au sein du régiment Royal Warwickshire à Warwick en Angleterre. J’avais alors fait campagne en Afrique du Sud pendant la guerre des Boers. 

Je suis né à Birmingham, en Angleterre, et je suis venu au Canada en 1910. C’est ainsi que je me suis joint au 19e Lincoln Regiment à St. Catharines. Ensuite, nous avons été affectés au 19e bataillon du 2e Corps expéditionnaire canadien en Ontario, au sein duquel se retrouvaient beaucoup d’hommes de chaque ville. »

Journal de John Mould


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Ce que nous pouvons retenir de John Mould, c’est qu’il avait déjà rempli ses obligations militaires envers le roi et l’empire pendant la guerre des Boers (1899-1902). À 33 ans, il n’était plus un tout jeune homme et il occupait un bon emploi comme peintre à St. Catharines. En outre, sa femme Edith était farouchement opposée au fait qu’il s’engage dans l’armée et avait déjà refusé plusieurs fois de lui donner son consentement. Toutefois, John avait un tel sens du devoir qu’il continuait d’essayer de la convaincre.

« Je me souviendrai toute ma vie du soir où je lui ai demandé d’inscrire son nom, car c’est la chose la plus terrible que j’aie jamais vécu. J’étais sur le point de lui dire de ne pas signer lorsqu’elle a inscrit son nom et m’a tendu le formulaire. Je me sentais à la fois heureux et malheureux parce que je savais que rien de pire ne pouvait nous arriver que d’être séparés ainsi et pour une telle cause. »

Journal de John Mould
Vol. 1 pp. 5-6, 1914
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario


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Journal de John Mould, Vol. 1, p. 5, 1914

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Journal de John Mould
Vol. 1 p. 5, 1914
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario

Heureusement pour Edith, la formation militaire du soldat Mould eut lieu à Toronto, ville située à distance raisonnable de St. Catharines. Edith et John purent ainsi se voir de temps en temps.
Dès leur enrôlement, on demanda à John et à son ami Thomas Blakie de servir de cuisiniers pour la compagnie, ce qu’ils acceptèrent de bon cœur. Le 3 novembre, ils prirent le train pour le site de l’Exposition nationale canadienne, à Toronto, où la compagnie serait cantonnée et recevrait sa formation militaire.
Photographie : Cuisiniers du 19e bataillon, 1915

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Cuisiniers du 19e bataillon, 1915
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario, I0024379

Leur première tâche fut de préparer les cuisines en prévision de l’arrivée des autres soldats.

« C’est là que nous avons rencontré le sergent quartier-maître McClaren qui a ordonné à tous les cuisiniers de se mettre au service du sergent Stevens, le responsable des cuisines (…), nous nous sommes donc présentés au sergent [et] après avoir décliné nos noms et la compagnie à laquelle nous appartenions, nous avons commencé à travailler. Il y avait à peu près 1 200 couteaux, fourchettes, cuillers et bols à déballer et à laver à l’eau chaude, car ce matériel était arrivé le jour même, directement de chez les fournisseurs. Nous étions au total 19 cuisiniers, le sergent inclus, et je peux dire sans crainte de me tromper qu’il n’y en avait pas un seul qui trouvait la cuisine et les installations à son goût. Toutefois, après avoir bien récuré les fourneaux, etc. et bien nettoyé la cuisine, nous avons jugé que les choses semblaient bien mieux qu’à notre arrivée. »

Journal de John Mould


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Journal de John Mould, p. 12, 1914

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Journal de John Mould, p. 13, 1914

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Journal de John Mould
Vol. 1 pp. 12-13, 1914
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario

Photographie : Soldats sur les terrains de l’Exposition nationale canadienne

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Soldats sur les terrains de l’Exposition nationale canadienne, [1914]
A. W. Barton
Négatif noir et blanc sur plaque de verre
Code de référence : C 121-1-0-13-7
Archives publiques de l'Ontario, I0019350

John donne beaucoup d’information sur la vie dans le camp d’entraînement, particulièrement du point de vue des cuisiniers ! En outre, il nous éclaire grandement sur la vie au quotidien des jeunes recrues.

« Comme c’était l’hiver, les trois premiers mois ont été très froids et venteux. Il y avait aussi beaucoup de neige et tout était vraiment glissant car la nuit, il gelait à pierre fendre. On portait des mitaines, un pardessus et des couvre-chaussures à chaque défilé (…).

On se levait à 6 h et l’appel était à 6 h 30. Ensuite, chaque homme devait défiler et répondre présent à l’appel de son nom par son sergent de peloton. Tout cela se faisait à l’intérieur, car il faisait trop sombre dehors pour lire la liste des noms. Une fois terminée cette courte formalité, les hommes se préparaient alors pour le déjeuner (…). »

Journal de John Mould



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Journal de John Mould, p. 22, 1915

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Journal de John Mould
Vol. 1 p. 22, 1915
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario

Quand John Mould s'est joint au Corps expéditionnaire canadien en 1914, il a d'abord dû compléter un formulaire. Ce document, appelé formulaire d'attestation, contenait des renseignements personnels tels la date de naissance de la recrue, qui devait aussi y attester son intention de servir pour la durée de la guerre et déclarer son allégeance au Roi. Tout comme les 600 000 autres hommes qui s’engagèrent, John compléta son formulaire, lequel fut classé parmi des millions d’autres documents relatifs à la guerre.

Formulaire d’attestation

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Formulaire d’attestation

En 1996, les Archives nationales (maintenant Bibliothèque et Archives Canada) débutèrent un programme de numérisation des formulaires d’attestation, afin de les rendre disponibles sur Archivianet ( en anglais seulement ), leur base de données en ligne. À ce jour, plus de 800 000 images de formulaires d’attestation ont été numérisées et peuvent être consultées à http://www.bac-lac.gc.ca/fra/a-notre-sujet/propos-collection/what-is-new/Pages/quoi-neuf-collection.aspx.

Êtres a t’il servi dans le CEC durant la Première Guerre mondiale? Consultez la base de données et vérifiez si vous pouvez trouver son formulaire d’attestation, comme nous avons trouvé celui du soldat Mould.


Ensuite, [de 8 h] jusqu’à 9 h, les hommes étaient occupés à astiquer leurs boutons, etc. et à se préparer pour le défilé qui durait jusqu’à 11 h 45. Cette période d’exercice de deux heures quarante-cinq, qui tenait les hommes très occupés, se répartissait comme suit : de 9 h à 10 h, exercice physique, de 10 h à 10 h 45, charge à la baïonnette après quoi, il y avait une pause de 15 minutes. La période restante était consacrée à la signalisation. Les hommes avaient ensuite quartier libre pour le repas, de midi à 13 h.

Les hommes se reposaient jusqu’à 14 h, heure à laquelle le défilé de l’après-midi avait lieu, défilé qui durait environ deux heures et demie, et qui était principalement consacré à se préparer pour une escarmouche ou à des activités effectuées en formation déployée. Ensuite, on prenait le thé de 17 h à 17 h 30, heure à laquelle les hommes avaient quartier libre pour le reste de la journée. À mon avis, les journées étaient trop longues pour les soldats qui ne disposaient pas suffisamment de temps pour les loisirs.

Les mêmes exercices se sont répétés ainsi tous les jours jusqu’à ce que le temps vienne à s’éclaircir et à s’adoucir. Nous avons alors commencé des séries de marches sur les routes à raison d’environ trois fois par semaine. Il y avait également les exercices de tir quotidiens qui avaient lieu sur les champs de tir, à Long Branch, situé environ à 12 milles [7,5 km] du parc de l’exposition. À tour de rôle, chaque compagnie s’exerçait au tir deux jours d’affilée.

Le départ du camp se faisait à environ 9 h, les hommes devant revêtir leur attirail de route complet. Ils arrivaient à Long Branch vers midi et les exercices de tir avaient lieu dans l’après-midi. Les hommes passaient alors la nuit à Long Branch pour revenir à pied au parc de l’exposition le matin suivant.

En trois semaines, toutes les compagnies du bataillon avaient accompli leurs exercices de tir. Par la suite, la tenue d’exercice et les marches quotidiennes se sont poursuivies de manière immuable durant les sept mois que nous avons passés là-bas! »

Journal de John Mould



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Journal de John Mould, p. 23, 1915

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Journal de John Mould, p. 24, 1915

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Journal de John Mould, p. 25, 1915

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Journal de John Mould, p. 26, 1915

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Journal de John Mould
Vol. 1 pp. 23-26, 1915
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario

Photographie : Soldats devant l’édifice du gouvernement (Government Building), terrains de l’Exposition nationale canadienne, Toronto

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Soldats devant l’édifice du gouvernement (Government Building), terrains de
l’Exposition nationale canadienne, Toronto
A. W. Barton
Négatif noir et blanc sur plaque de verre
Code de référence : C 121-1-0-13-30
Archives publiques de l'Ontario, I0019373

Finalement, le 12 mai 1915, le soldat Mould et son bataillon au complet furent envoyés par train à Montréal. Après tous ces mois passés à se demander à quel moment ils seraient envoyés au combat, les hommes étaient tout excités de faire le voyage jusqu’au bateau qui les conduirait en Angleterre, puis en France. Une fois arrivés au Port de Montréal, ils s’embarquèrent sur l’antique vapeur de la Allan Line, le Scandinavian, désormais utilisé comme navire de transport.

Journal de John Mould, p. 39, 1915

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Journal de John Mould, p. 40, 1915

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Journal de John Mould
Vol. 1 pp. 39-40, 1915
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario

« Nous sommes restés à quai durant trois heures à la suite de quoi, nous avons largué les amarres en direction de Québec. Des centaines de gens s’étaient rassemblés durant cet intervalle et, dès que le bateau s’est mis en branle, ils nous ont applaudi à tout rompre! Ces marques d’encouragement nous allaient droit au cœur, et nous avons chanté et applaudi jusqu’à que nous soyons loin de la foule qui ne pouvait plus nous entendre. Des coups de sifflet d’encouragement nous parvenaient de chaque bateau que nous croisions et cela, longtemps après avoir quitté Montréal. L’accueil chaleureux que nous avions reçu durant notre séjour au Canada se ponctuait d’une note finale heureuse. »

Journal de John Mould


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Journal de John Mould, p. 53, 1915

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Journal de John Mould
Vol. 1 p. 53, 1915
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario

Le 21 mai 1915, après une traversée relativement calme, le Scandinavian accostait à Plymouth, en Angleterre. Les Anglais accueillirent chaleureusement les soldats canadiens et les applaudirent tandis qu’ils se dirigeaient vers le train qui les conduirait à leur camp de West Sandling. Ce camp se situait environ à 9 milles (6,5 km) de Douvres et pouvait accueillir quatre bataillons. C’est dans ce camp que les soldats furent instruits de tout ce qui constituerait leur quotidien en France et en Belgique, à savoir marcher de 20 à 30 milles (entre 12 et 18 km) chaque jour et creuser des tranchées.

Cliquez ici pour entendre un extrait du journal en format “wav" (1,2Mo). Vous pouvez aussi l’entre en format “aif” (1,2Mo).

« Nous creusions des tranchées environ trois fois par semaine et nous nous accoutumions tous peu à peu au travail qu’il nous faudrait accomplir en France. Au sein de chaque compagnie, il y avait également des hommes qui étaient choisis pour apprendre comment larguer des bombes et manier des mitrailleuses ainsi que pour recevoir des leçons d’éclairage et de signalisation. Tout ce qu’il fallait savoir pour combattre l’ennemi était, en fait, pratiqué au camp. »

Journal de John Mould

Ainsi, la vie dans le camp suivit son cours jusqu’au 14 septembre 1915, date à laquelle le bataillon entier partit pour la France. Il va sans dire que, dès qu’ils furent parvenus à destination, il n’était plus question d’entraînement ! Dès le 20 septembre, les soldats étaient déjà dans les tranchées et sous le feu de l’ennemi.

Le soldat Mould continue de nous décrire ses expériences de guerre dans son journal. Ces mémoires constituent une histoire fascinante faite de labeur et d’ennui, entrecoupée de périodes de frayeur et d’excitation quasi impossibles à endurer.

La boue, la pluie presque incessante et le froid glacial, le manque de sommeil et le bruit continuel, toutes ces conditions ébranlèrent sérieusement les forces des hommes. Le passage suivant nous décrit la joie ressentie par les soldats à l’occasion d’un simple bain.

Photographie : Soldat au garde-à-vous, [1914]

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Soldat au garde-à-vous, [1914]
A. W. Barton
Négatif noir et blanc sur plaque de verre
Code de référence : C 121-1-0-13-30
Archives publiques de l'Ontario, I0019346

« Samedi 2 octobre. Peu après le déjeuner, nous avons été conduits par groupes de 30 à Dranoutre, une ville située à 2 milles [1,2 km] de notre camp. Là, on nous a menés aux bains publics, lesquels offraient l’eau chaude, les savons et les serviettes. Les baignoires, juste assez larges pour s’asseoir, ont été mises à notre disposition. Les bains pouvaient contenir 12 hommes, 15 minutes étant allouées pour chaque groupe. Après le bain, on nous a tous donné des vtements neufs en échange de nos vieux. Nous n’avions pas enlevé nos vêtements depuis notre départ de l’Angleterre [le 14 septembre], alors vous pouvez imaginer le bien-être que ce changement nous a procuré. Nous nous sentions des hommes neufs, prêts à tout. »

Journal de John Mould


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Journal de John Mould, Vol. 2 pp. 54-55, 1915

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Journal de John Mould
Vol. 2 pp. 54-55, 1915
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario

Nous laissons le soldat Mould à ce point et le retrouvons environ un an plus tard, lorsqu’il relate ses expériences de guerre en 1916, à la bataille de la Somme. Les visiteurs de cette exposition virtuelle, qui sont intéressés à consulter les extraits du journal relatifs à cette période, sont invités à lire les volumes originaux consignés aux Archives.

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John F. Mould