Économie, éducation, communauté et famille
La collection McCurdy illustre avec finesse la richesse du quotidien des Noirs en Ontario – leur travail, leur vie familiale, leur foi, leurs activités sociales et éducatives – retraçant aussi l’histoire de la famille McCurdy elle-même.
Les communautés noires de l’Ontario du 19ᵉ siècle formaient un ensemble d’une grande diversité : on y trouvait des professionnels, des agriculteurs et des commerçants, unis par des liens familiaux solides et une vie spirituelle centrée sur l’église. Leur contribution fut essentielle à l’histoire et au développement de la province. Collectionneur infatigable, Alvin D. McCurdy n’a pas seulement rassemblé les témoignages de la vie des autres, il a aussi veillé à préserver la mémoire de ses propres ancêtres.
Vivre de la terre
Les anciens esclaves ont acquis des terres grâce à divers programmes de colonisation ou par achat personnel, construisant leurs maisons et s’intégrant peu à peu à la société ontarienne. L’acquisition de propriétés, tout comme les emprunts hypothécaires, reflète l’ancrage économique et social croissant des communautés noires au 19ᵉ siècle.
Le milieu de travail : professionnels et gens de métier
Les membres de la communauté noire ont investi des domaines variés, y compris le droit et la médecine. Fred H. A. Davis, admis au barreau en 1900, suivit les traces de son père Delos Rogest Davis, l’un des premiers avocats noirs de l’Ontario, et exerça de longues années dans la région d’Amherstburg. La Dre Mary Waring, quant à elle, fut médecin à Windsor à la fin du 19ᵉ siècle. D’autres œuvraient dans l’artisanat ou les syndicats, contribuant à améliorer les conditions de travail et à faire progresser l’égalité. McCurdy lui-même fut membre de la United Brotherhood of Carpenters and Joiners of America pendant de nombreuses années.
Le droit à l’éducation
Les chefs de file de la communauté noire ont lutté pour garantir à leurs enfants le droit à une éducation équitable. Pendant de nombreuses années, des écoles ségréguées, telles que la Marble Village Coloured School, ont existé jusqu’à la fermeture de la dernière en 1966. Les enseignants noirs ont joué un rôle crucial, formant leurs pairs et exerçant souvent dans des établissements mal équipés. John Alexander, l’un des premiers pédagogues à s’opposer publiquement à la ségrégation scolaire, enseignait à l’Anderdon Township School pour 600 dollars par an en 1914. Ethel Alexander, quant à elle, obtint plusieurs diplômes, dont un certificat de missionnaire enseignante. Les registres de fréquentation scolaire demeurent une source précieuse pour retracer l’histoire des jeunes membres de ces communautés.
Vie religieuse et communautaire
La religion occupait une place centrale au sein des communautés noires. Amherstburg comptait plusieurs églises, dont l’Église méthodiste épiscopale africaine et l’Église méthodiste épiscopale britannique. L’Église baptiste y était également très active; la Amherstburg First Baptist Church, érigée entre 1838 et 1845, demeure l’une des plus anciennes églises noires de l’Ontario. La collection McCurdy conserve les archives d’Ethel Alexander, originaire d’Amherstburg, qui enseigna comme missionnaire anglicane au Honduras britannique (aujourd’hui Belize). La conjugaison de la foi et de l’éducation inspira de nombreuses personnes à transmettre leur savoir bien au-delà de leur communauté d’origine.
La communauté noire et la franc-maçonnerie
La franc-maçonnerie est un ordre fraternel présent dans le monde entier. La loge Prince Hall, qui tire son nom d’un Noir américain né libre et initié en 1775 dans une loge militaire de la Constitution irlandaise à Boston, s’est établie en Ontario en 1852. Les premières loges offraient un cadre social accueillant. De nombreux hommes de la communauté noire en Ontario en faisaient partie, tandis que leurs épouses, filles et sœurs rejoignaient l’Ordre de l’étoile orientale. Les archives de ces loges, aux côtés de celles des églises et des écoles, constituent souvent les premières traces documentées de la vie de la société noire en Ontario. Les contributions de McCurdy à ce patrimoine ont été reconnues en 1960 lorsqu’il reçut le Prix du Grand Maître.
Un généalogiste infatigable
La passion de McCurdy pour l’histoire des Noirs du comté d’Essex et des environs s’est nourrie de ses recherches sur sa propre famille. Ses dossiers de ressources (F 2076-3) et généalogiques (F 2076-4), riches de coupures de journaux, de transcriptions de documents, de biographies et de nécrologies, témoignent de décennies de recherches méticuleuses. Ses notes personnelles offrent des informations précieuses. La collection comprend des centaines de photographies de sa famille, incluant ses arrière-grands-pères, ainsi que de multiples générations de dynasties noires locales, notamment les familles Adams, Banks, Stokes et Thomas, parmi bien d’autres.
Découvrez d’autres photographies issues du fonds Alvin D. McCurdy sur Wikimedia Commons.
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