Quatrième acte : Dans les coulisses du théâtre en Ontario de la fin des années 1950 à aujourd’hui - Archives publiques de l’Ontario
Deux actrices aux bras allongés dont les paumes se touchent. Une femme tient l’autre, qui observe avec des jumelles.
ONLINE EXHIBIT: La scène en Ontario : Pleins feux sur l’histoire du théâtre en Ontario

Quatrième acte : Dans les coulisses du théâtre en Ontario de la fin des années 1950 à aujourd’hui

La scène théâtrale de l’Ontario a grossi considérablement dans la deuxième moitié du 20e siècle et au début du 21e siècle. Un sentiment d’identité canadienne a émergé à travers la diversité et les contrastes qui ont caractérisé ces décennies.

Attirer le public : Centre O’Keefe de Toronto

La construction du Centre O’Keefe (maintenant appelé Meridian Hall) à Toronto à la fin des années 1950 a un impact immense sur la scène culturelle de la ville et aide à relancer le fait d’aller au théâtre à une époque où la popularité répandue de la télévision rend moins courant le fait d’assister à des représentations en salle. Des essais « pré-Broadway » joués au Centre O’Keefe propulsent rapidement Toronto dans les ligues majeures du monde du spectacle, et ses vedettes internationales attirent des publics dans une mesure que l’on n’avait pas connue depuis les beaux jours du vaudeville.

Vue depuis la rue du Centre O’Keefe de Toronto en construction en 1959.
Page couverture et pages intérieures du formulaire de commande par correspondance de billets pour La Mélodie du bonheur au Centre O’Keefe, Toronto. Caractères noirs sur papier jaune.

Cultiver l’identité culturelle canadienne

Le centenaire du Canada en 1967 fait naître le désir de développer l’identité culturelle du pays. Ce nationalisme rehaussé s’étend à la sphère théâtrale avec le festival des arts de la scène—un programme d’un an créé pour le centenaire dans le cadre duquel des groupes d’arts de la scène ont visité 92 villes et municipalités en Ontario. Bon nombre des productions étaient écrites par des artistes canadiens et mettaient en vedette des artistes canadiens. La réponse des collectivités de l’Ontario fut si grande que le calendrier de tournée est passé d’environ 200 représentations à 288.

Communiqué de presse dactylographié du Festival des arts de la scène de l’Ontario, 1966, première de quatre pages. Logo du centenaire de l’Ontario comme en-tête. Communiqué de presse dactylographié du Festival des arts de la scène de l’Ontario, 1966, première de quatre pages. Logo du centenaire de l’Ontario comme en-tête.
Communiqué de presse dactylographié du Festival des arts de la scène de l’Ontario, 1966, deuxième de quatre pages. Communiqué de presse dactylographié du Festival des arts de la scène de l’Ontario, 1966, deuxième de quatre pages.
Communiqué de presse dactylographié du Festival des arts de la scène de l’Ontario, 1966, troisième de quatre pages. Communiqué de presse dactylographié du Festival des arts de la scène de l’Ontario, 1966, troisième de quatre pages.
Communiqué de presse dactylographié du festival des arts de la scène de l’Ontario, 1966, dernière de quatre pages. Communiqué de presse dactylographié du festival des arts de la scène de l’Ontario, 1966, dernière de quatre pages.

Le rôle du théâtre francophone en Ontario

Le théâtre francophone en Ontario a longtemps eu pour mission de mettre en valeur la langue, la culture et l’identité françaises au sein d’une province à majorité anglophone. Bien que les premières manifestations théâtrales en français en Ontario remontent au XIXe siècle, portées par des initiatives locales au sein des communautés religieuses, c’est véritablement à la fin des années 1960 et dans les années 1970 que s’opère une transformation majeure avec l’émergence de compagnies théâtrales professionnelles francophones à l’échelle de la province. L’adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969, qui a consacré l’anglais et le français comme langues officielles du Canada, a représenté un progrès important en matière de droits linguistiques et d’éducation en français en Ontario. Ces avancées ont nourri un mouvement visant à renforcer l’identité franco-ontarienne par la culture et les arts, notamment par le théâtre francophone.

Ottawa et Sudbury, deux hauts lieux de l’activité francophone, ont été parmi les premières villes à accueillir des troupes de théâtre en français. Le Théâtre du Trillium d’Ottawa (1975) et le Théâtre du Nouvel-Ontario de Sudbury (1971) y ont joué un rôle de premier plan et restent aujourd’hui des grands acteurs dans la vie culturelle de la province. Toronto, métropole la plus peuplée et la plus cosmopolite de l’Ontario, a également joué un rôle moteur dans le développement du théâtre francophone et a favorisé son rayonnement dans nombre d’autres municipalités de la province.

Deux acteurs blancs, l’un ayant le bras posé sur l’épaule de l’autre. De l’autre main, il pointe du doigt dans une direction, et tous deux regardent dans le sens indiqué.

Le Théâtre français de Toronto se distingue comme l’une des compagnies théâtrales de langue française les plus anciennes et les plus influentes hors du Québec. Le metteur en scène et traducteur ontarien John Van Burek a institué cette troupe en 1967 sous l’appellation de Théâtre du P’tit Bonheur, titre de sa première production. Cette troupe initialement amateur a acquis un statut professionnel dès 1973. À l’instar de nombreuses autres compagnies francophones, elle a contribué à former et à lancer la carrière de nombreux comédiens, metteurs en scène et dramaturges canadiens-français, grâce à des productions primées qui continuent d’influer sur l’évolution et la visibilité du théâtre francophone en Ontario.

Des traducteurs comme John Van Burek ont joué un rôle déterminant dans le développement du théâtre francophone, facilitant la production en français de pièces anglophones et la création de sous-titres anglais pour les œuvres francophones. Ce travail a considérablement enrichi le répertoire des troupes francophones et permis de faire connaître le théâtre franco-ontarien tant auprès des communautés francophones que du public anglophone. Au cours des décennies, par leur engagement en faveur de la défense les droits culturels, de l’éducation et de l’innovation, ces compagnies théâtrales ont œuvré à faire entendre les voix franco-ontariennes, à perpétuer leurs récits et à sauvegarder leur patrimoine. Elles restent des phares culturels, non seulement pour les francophones de l’Ontario, mais aussi sur l’ensemble de la scène théâtrale canadienne et internationale.

Le jeu passe en mode alternatif

Le théâtre alternatif est passé à l’avant-scène dans le mouvement de contre-culture des années 1960 en réaction au florissant théâtre professionnel traditionnel à Stratford et aux spectacles américains et britanniques itinérants populaires présentés au théâtre Royal Alexandra et au Centre O’Keefe de Toronto.

The Awkward Stage —le rapport sur l’étude du théâtre en Ontario commandé par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts de la province de l’Ontario en 1969—conclut que la province a besoin d’en faire plus pour soutenir les aspirants professionnels du milieu des arts et démontrer les mérites et le potentiel du théâtre. Ces conditions favorisent une nouvelle orientation théâtrale et permettent à des théâtres alternatifs comme le théâtre Toronto Workshop Productions, le Théâtre Passe Muraille, le Factory Theatre Lab et le théâtre Tarragon de prendre leur envol.

Affiche pour The Wobbly des Toronto Workshop Productions, 1983. Profil d’un visage géométrique blanc au centre. Affiche pour The Wobbly des Toronto Workshop Productions, 1983. Profil d’un visage géométrique blanc au centre.
Cinq acteurs blancs jouant une scène de Clutching the Heat, Théâtre Passe Muraille, Toronto, 1990. Cinq acteurs blancs jouant une scène de Clutching the Heat, Théâtre Passe Muraille, Toronto, 1990.
Un homme et une femme de race blanche jouant une scène des Liaisons Dangereuses au Factory Theatre, Toronto, 1991. Un homme et une femme de race blanche jouant une scène des Liaisons Dangereuses au Factory Theatre, Toronto, 1991.
Tanja Jacob déguisée en homme, jouant une scène dans The Man I Love au théâtre Tarragon, Toronto, 1989. Tanja Jacob déguisée en homme, jouant une scène dans The Man I Love au théâtre Tarragon, Toronto, 1989.

Le théâtre développe sa diversité

Avec l’arrivée en Ontario d’un plus grand nombre d’immigrants durant l’après-guerre, des troupes de théâtre représentant différentes communautés culturelles a commencé à augmenter. Un exemple de cette situation est le Hungarian Art Theatre (d’abord appelé le Toronto Comedy Theatre), établi par Sándor Kertész à la fin des années 1950. Cette tendance se poursuit dans les dernières décennies du 20e siècle, alors que les organisations des arts de la scène travaillent à souligner la richesse et la complexité du théâtre de l’Ontario et des talents artistiques de plusieurs groupes minoritaires.

Page couverture du magazine Scene Changes, 1978, avec les mots « multicultural theatre » écrits dans un projecteur, ceinturé du mot « salud! »
Affiche avec texte en hongrois annonçant la comédie musicale János Vitéz du Hungarian Art Theatre, Toronto, 1973.

Le Native Theatre School

Le Native Theatre School (maintenant appelé Centre for Indigenous Theatre) a élargi les possibilités de perfectionnement professionnel pour les artistes de théâtre autochtones lorsqu’il fut établi en 1974 sous la direction artistique de Floyd Favel et de Monique Mojica. L’institution continue de faire évoluer la culture de l’interprétation autochtone en Ontario.

Floyd Favel sur une balançoire en bois sur le plateau de The Incredible Joy of Being Herd, théâtre Du Maurier, Toronto, 1992.

Black Theatre Canada

Vera Cudjoe, actrice, productrice et éducatrice canado-trinidadienne, a fondé le Black Theatre Canada en 1973. Actif jusqu’en 1988, il encouragea les prestations et l’expression des Noirs à Toronto et créa une nouvelle génération d’artistes noirs.

Une femme noire se tient debout devant un mur sur lequel on voit diverses affiches de théâtre.

Buddies in Bad Times

Le théâtre Buddies in Bad Times fut fondé en 1978 pour encourager l’expression théâtrale queer en créant et en présentant des voix qui remettent en question les normes sexuelles et culturelles.

Actrice blanche déguisée en homme. Acteur blanc déguisé en femme, assis sur les genoux de l’homme et fixant de façon intense.

Théâtre Nightwood

Le théâtre Nightwood, fondé à Toronto en 1979, est la plus ancienne troupe de théâtre professionnel féminin au Canada. La troupe continue de soutenir la création de pièces originales écrites et dirigées par des femmes.

Deux actrices aux bras allongés dont les paumes se touchent. Une femme tient l’autre, qui observe avec des jumelles.

Renforcer le théâtre en Ontario

L’émergence de nouvelles troupes de théâtre dans les dernières décennies du 20e siècle va de pair avec de nouveaux programmes pédagogiques et le soutien apporté par le gouvernement aux arts de la scène. Des cours de théâtre de niveau postsecondaire élargissent la formation professionnelle, et des organismes comme Theatre Ontario soutiennent l’art dramatique au moyen de programmes pédagogiques et de possibilités de financement.

Couverture de la brochure annonçant une formation postsecondaire en théâtre de Theatre Ontario, 1978, et qui montre trois acteurs costumés.

Theatre Ontario, organisme de bienfaisance à but non lucratif actif de 1971 à 2019, a proposé pendant près de cinquante ans des programmes de subventions, des festivals de théâtre communautaire, des ressources, des activités de réseautage, un accompagnement professionnel, des formations, des prix et des efforts de défense des droits pour soutenir le théâtre amateur et professionnel à l’échelle de la province.

Le théâtre en rappel

Le succès des superproductions musicales, proclamé par la production de CATS au théâtre Elgin de Toronto en 1985, est l’un des nombreux facteurs ayant contribué à la renaissance du théâtre aujourd’hui. Ces spectacles rappellent aux gens la magie du théâtre en direct et sa capacité à rassembler les gens pour vivre une expérience commune à une époque où l’art est souvent consommé sur un ordinateur ou un appareil mobile.

Onze interprètes en costumes de chat aux bras levés durant une scène de CATS au théâtre Elgin, Toronto, 1987.
Marquise et affiches au théâtre Elgin à Toronto en 1987 annonçant la dernière représentation de la comédie musicale CATS.
Onze interprètes sur scène qui saluent pour la dernière représentation de la comédie musicale.

Vive le théâtre ontarien!

En tant que forme artistique enracinée dans l’expérience humaine, le théâtre est particulièrement bien placé pour enseigner, provoquer, inspirer, toucher et divertir—des qualités qui contribuent à l’importance et à la pertinence persistantes des arts de la scène en Ontario et partout dans le monde.

View from stage looking towards a packed house at the Pantages Theatre in Toronto, 1989.

Vous cherchez d’autres documents?

Search our collection
Mis à jour : octobre 23, 2025 02:13 PM
Date de publication : août 1, 2025