Quatrième acte : Dans les coulisses du théâtre en Ontario de la fin des années 1950 à aujourd’hui
La scène théâtrale de l’Ontario a grossi considérablement dans la deuxième moitié du 20e siècle et au début du 21e siècle. Un sentiment d’identité canadienne a émergé à travers la diversité et les contrastes qui ont caractérisé ces décennies.
Les superproductions musicales et les circuits des tournées prennent de l’expansion dans le milieu du théâtre alternatif et communautaire, et une voix nettement canadienne s’élève au-dessus de la pluralité des voix qui prospèrent dans les théâtres axés sur des groupes culturels et minoritaires particuliers. Cette période éclectique dans l’histoire du théâtre en Ontario révèle à quel point l’art dramatique s’est taillé une place durable sous les projecteurs.
Attirer le public : Centre O’Keefe de Toronto
La construction du Centre O’Keefe (maintenant appelé Meridian Hall) à Toronto à la fin des années 1950 a un impact immense sur la scène culturelle de la ville et aide à relancer le fait d’aller au théâtre à une époque où la popularité répandue de la télévision rend moins courant le fait d’assister à des représentations en salle. Des essais « pré-Broadway » joués au Centre O’Keefe propulsent rapidement Toronto dans les ligues majeures du monde du spectacle, et ses vedettes internationales attirent des publics dans une mesure que l’on n’avait pas connue depuis les beaux jours du vaudeville.
Cultiver l’identité culturelle canadienne
Le centenaire du Canada en 1967 fait naître le désir de développer l’identité culturelle du pays. Ce nationalisme rehaussé s’étend à la sphère théâtrale avec le festival des arts de la scène—un programme d’un an créé pour le centenaire dans le cadre duquel des groupes d’arts de la scène ont visité 92 villes et municipalités en Ontario. Bon nombre des productions étaient écrites par des artistes canadiens et mettaient en vedette des artistes canadiens. La réponse des collectivités de l’Ontario fut si grande que le calendrier de tournée est passé d’environ 200 représentations à 288.
Le rôle du théâtre francophone en Ontario
Le théâtre francophone en Ontario a longtemps eu pour mission de mettre en valeur la langue, la culture et l’identité françaises au sein d’une province à majorité anglophone. Bien que les premières manifestations théâtrales en français en Ontario remontent au XIXe siècle, portées par des initiatives locales au sein des communautés religieuses, c’est véritablement à la fin des années 1960 et dans les années 1970 que s’opère une transformation majeure avec l’émergence de compagnies théâtrales professionnelles francophones à l’échelle de la province. L’adoption de la Loi sur les langues officielles en 1969, qui a consacré l’anglais et le français comme langues officielles du Canada, a représenté un progrès important en matière de droits linguistiques et d’éducation en français en Ontario. Ces avancées ont nourri un mouvement visant à renforcer l’identité franco-ontarienne par la culture et les arts, notamment par le théâtre francophone.
Ottawa et Sudbury, deux hauts lieux de l’activité francophone, ont été parmi les premières villes à accueillir des troupes de théâtre en français. Le Théâtre du Trillium d’Ottawa (1975) et le Théâtre du Nouvel-Ontario de Sudbury (1971) y ont joué un rôle de premier plan et restent aujourd’hui des grands acteurs dans la vie culturelle de la province. Toronto, métropole la plus peuplée et la plus cosmopolite de l’Ontario, a également joué un rôle moteur dans le développement du théâtre francophone et a favorisé son rayonnement dans nombre d’autres municipalités de la province.
Le Théâtre français de Toronto se distingue comme l’une des compagnies théâtrales de langue française les plus anciennes et les plus influentes hors du Québec. Le metteur en scène et traducteur ontarien John Van Burek a institué cette troupe en 1967 sous l’appellation de Théâtre du P’tit Bonheur, titre de sa première production. Cette troupe initialement amateur a acquis un statut professionnel dès 1973. À l’instar de nombreuses autres compagnies francophones, elle a contribué à former et à lancer la carrière de nombreux comédiens, metteurs en scène et dramaturges canadiens-français, grâce à des productions primées qui continuent d’influer sur l’évolution et la visibilité du théâtre francophone en Ontario.
Des traducteurs comme John Van Burek ont joué un rôle déterminant dans le développement du théâtre francophone, facilitant la production en français de pièces anglophones et la création de sous-titres anglais pour les œuvres francophones. Ce travail a considérablement enrichi le répertoire des troupes francophones et permis de faire connaître le théâtre franco-ontarien tant auprès des communautés francophones que du public anglophone. Au cours des décennies, par leur engagement en faveur de la défense les droits culturels, de l’éducation et de l’innovation, ces compagnies théâtrales ont œuvré à faire entendre les voix franco-ontariennes, à perpétuer leurs récits et à sauvegarder leur patrimoine. Elles restent des phares culturels, non seulement pour les francophones de l’Ontario, mais aussi sur l’ensemble de la scène théâtrale canadienne et internationale.
Le jeu passe en mode alternatif
Le théâtre alternatif est passé à l’avant-scène dans le mouvement de contre-culture des années 1960 en réaction au florissant théâtre professionnel traditionnel à Stratford et aux spectacles américains et britanniques itinérants populaires présentés au théâtre Royal Alexandra et au Centre O’Keefe de Toronto.
The Awkward Stage —le rapport sur l’étude du théâtre en Ontario commandé par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts de la province de l’Ontario en 1969—conclut que la province a besoin d’en faire plus pour soutenir les aspirants professionnels du milieu des arts et démontrer les mérites et le potentiel du théâtre. Ces conditions favorisent une nouvelle orientation théâtrale et permettent à des théâtres alternatifs comme le théâtre Toronto Workshop Productions, le Théâtre Passe Muraille, le Factory Theatre Lab et le théâtre Tarragon de prendre leur envol.
Le théâtre développe sa diversité
Avec l’arrivée en Ontario d’un plus grand nombre d’immigrants durant l’après-guerre, des troupes de théâtre représentant différentes communautés culturelles a commencé à augmenter. Un exemple de cette situation est le Hungarian Art Theatre (d’abord appelé le Toronto Comedy Theatre), établi par Sándor Kertész à la fin des années 1950. Cette tendance se poursuit dans les dernières décennies du 20e siècle, alors que les organisations des arts de la scène travaillent à souligner la richesse et la complexité du théâtre de l’Ontario et des talents artistiques de plusieurs groupes minoritaires.
Le Native Theatre School
Le Native Theatre School (maintenant appelé Centre for Indigenous Theatre) a élargi les possibilités de perfectionnement professionnel pour les artistes de théâtre autochtones lorsqu’il fut établi en 1974 sous la direction artistique de Floyd Favel et de Monique Mojica. L’institution continue de faire évoluer la culture de l’interprétation autochtone en Ontario.
Black Theatre Canada
Vera Cudjoe, actrice, productrice et éducatrice canado-trinidadienne, a fondé le Black Theatre Canada en 1973. Actif jusqu’en 1988, il encouragea les prestations et l’expression des Noirs à Toronto et créa une nouvelle génération d’artistes noirs.
Buddies in Bad Times
Le théâtre Buddies in Bad Times fut fondé en 1978 pour encourager l’expression théâtrale queer en créant et en présentant des voix qui remettent en question les normes sexuelles et culturelles.
Théâtre Nightwood
Le théâtre Nightwood, fondé à Toronto en 1979, est la plus ancienne troupe de théâtre professionnel féminin au Canada. La troupe continue de soutenir la création de pièces originales écrites et dirigées par des femmes.
Renforcer le théâtre en Ontario
L’émergence de nouvelles troupes de théâtre dans les dernières décennies du 20e siècle va de pair avec de nouveaux programmes pédagogiques et le soutien apporté par le gouvernement aux arts de la scène. Des cours de théâtre de niveau postsecondaire élargissent la formation professionnelle, et des organismes comme Theatre Ontario soutiennent l’art dramatique au moyen de programmes pédagogiques et de possibilités de financement.
Le théâtre en rappel
Le succès des superproductions musicales, proclamé par la production de CATS au théâtre Elgin de Toronto en 1985, est l’un des nombreux facteurs ayant contribué à la renaissance du théâtre aujourd’hui. Ces spectacles rappellent aux gens la magie du théâtre en direct et sa capacité à rassembler les gens pour vivre une expérience commune à une époque où l’art est souvent consommé sur un ordinateur ou un appareil mobile.
Vive le théâtre ontarien!
En tant que forme artistique enracinée dans l’expérience humaine, le théâtre est particulièrement bien placé pour enseigner, provoquer, inspirer, toucher et divertir—des qualités qui contribuent à l’importance et à la pertinence persistantes des arts de la scène en Ontario et partout dans le monde.
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Troisième acte : Le spectacle doit cONTinuer au milieu du siècle
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