La découverte
En 2003, des travailleurs de la construction qui rénovaient l’édifice de l’Assemblée législative de l’Ontario à Queen’s Park à Toronto, ont fait une découverte surprenante. Deux des plus grandes photographies panoramiques de Niagara Falls au monde étaient posées à l’envers dans le sous-plancher du grenier du cinquième étage du bâtiment.
Ces photos géantes mesurent chacune environ 0,7 m de haut sur 5,6 m de large (28 po × 18 pi, 8,5 po) et ont toutes deux été prises depuis le côté canadien de la rivière Niagara. Elles montrent une vue qui commence légèrement au sud du pont en arc Honeymoon, pour remonter la rivière jusqu’aux chutes Horseshoe canadiennes. La vue enneigée des chutes est datée du 1er novembre 1912 et la scène estivale, de juin 1913.
Panorama de Niagara Falls en hiver
(novembre 1912) avant le traitement de préservation
Panorama de Niagara Falls en été
(juin 1913), avant le traitement de préservation
Cette photo mal éclairée donne un aperçu des panoramas lorsque les responsables de Queen’s Park les ont découvertes dans le grenier. Les photos étaient enduites d’un vernis épais et montées dans de grands cadres en bois, ce qui portait à croire qu’elles avaient été exposées à un moment donné.
Les plus grands panoramas à exposition unique au monde
Les inscriptions au recto de chaque image les décrivent comme les « plus grands agrandissements de photos en une seule exposition et en une seule prise au monde », ce qui signifie que les images ont été prises en une seule pose plutôt que de combiner plusieurs photographies, un exploit impressionnant d’un photographe futé.
Le photographe
Les inscriptions précisent que le photographe est William Thomson Freeland. Né le 28 juin 1872 à Waterville (Québec), il est le fils de Robert Freeland et de Mary Lockyer Freeland. La famille s’installe plus tard à Toronto; c’est là que la photographie suscite l’intérêt de William.
Bien qu’on ait très peu de détails de sa carrière, il est connu pour avoir aimé photographier des bateaux avec un appareil photo grand format ou panoramique dès les années 1890. Ce sujet a peut-être inspiré par son père, propriétaire du Yonge Street Wharf. M. Freeland avait également effectué des travaux pour le ministère de l’Agriculture. Il a tenu un studio de photographie au croisement des rues Yonge et Carleton à Toronto, mais on ignore combien de temps il y a travaillé et quelles étaient exactement ses activités.
La photographie la plus connue de M. Freeland est peut-être un panorama de Toronto en 1903, pris de la tour du Foresters Temple Building à l’angle nord-ouest de la rue Bay et de la rue Richmond. Vous pourrez obtenir des copies de la photographie aux Archives de la Ville de Toronto, à Bibliothèque et Archives Canada et à la Toronto Reference Library. M. Freeland a photographié d’autres panoramas au cours de la même période, mais aucun ne se rapproche de la taille des ceux de Niagara Falls trouvés à Queen’s Park.
M. Freeland est décédé le 4 septembre 1945, à l’âge de 73 ans. Une courte mention de sa vie est gravée sur sa pierre tombale au cimetière Mount Pleasant à Toronto. Mais ses magnifiques photographies sont son véritable héritage – par-dessus tout, ses deux panoramas des célèbres chutes de l’Ontario.
La Panoramic Camera Company
Le négatif et les droits d’auteur des panoramas de Niagara Falls sont attribués à la Panoramic Camera Company of Canada, qui a fait avancer la technologie des appareils photo panoramiques pour capturer des vues grand angle de portraits de groupes et de paysages. En élargissant la taille d’une ville et en mettant l’accent sur ses sites, les panoramas ont servi d’images promotionnelles utiles et de souvenirs de voyage souhaitables. Le photographe et inventeur William J. Johnson (1856-1941) a fondé la Panoramic Camera Company à Toronto au début du 20e siècle. Après son départ pour la Californie vers 1920, son neveu, Fred Stanley Rickard (1890-1962) a repris la direction de l’entreprise jusqu’à sa fermeture plusieurs décennies plus tard.
La collection des Archives publiques de l’Ontario comprend plus de 300 photographies de la Panoramic Camera Company, principalement de monuments, d’événements et de portraits de groupes de Toronto au cours des premières décennies du 20e siècle.
Premiers appareils photo panoramiques
Grâce à la technologie d’aujourd’hui, prendre une photo panoramique n’a jamais été ni aussi rapide ni aussi facile, contrairement à l’époque où M. Freeland avait pris ces photos. Le processus nécessitait soit l’utilisation d’un appareil photo panoramique coûteuse (comme dans le cas de M. Freeland), soit des heures d’assemblage d’images dans une chambre noire.
Bien que nous ne connaissions pas précisément l’appareil photo que M. Freeland a utilisé pour photographier les panoramas de Niagara Falls, il en a peut-être utilisé une comme l’« appareil photo cycloramique » John R. Connon d’Elora, en Ontario, breveté pour la première fois en 1887. William Johnson a inventé un « appareil photo panoramique Cirkut » similaire en 1904, mais l’appareil de M. Connon a été le premier du genre à capturer une vue à 360 degrés en une seule pose – une étape importante et une contribution du Canada exceptionnelle à l’histoire de la photographie.
Des joyaux cachés
La méthode employée par M. Freeland pour agrandir et imprimer les photographies de Niagara Falls à une telle échelle ne fait qu’accentuer le mystère entourant ces images. Une autre partie du mystère est la raison pour laquelle ces photographies imposantes ont été entreposées dans le grenier.
En 1924, lorsque le photographe M.O. Hammond photographie cette scène de l’édifice de l’Assemblée législative de l’Ontario à Queen’s Park, il est probable que les panoramas étaient accrochés de manière à être facilement vus. À cause des travaux de rénovation ou de décoration dans le bâtiment, ils ont été démontés à un moment donné, puis entreposés. Compte tenu de leur grande taille, l’espace nécessaire à leur entreposage était limité, ce qui expliquerait qu’ils ont été transférés dans le grenier, où ils sont restés cachés du public pendant des années.
À l’étroit
Les décennies passées dans un grenier avaient malheureusement fait des ravages sur les photos et les deux tirages étaient considérablement endommagés lorsqu’ils ont été découverts en 2003. Les fonctionnaires qui les avaient trouvés ont été confrontés à un problème difficile. À cause des travaux de rénovation en cours, les panoramas ne pouvaient pas rester là où ils étaient; mais leur taille posait un énorme défi à leur déplacement, leur traitement et leur entreposage en toute sécurité. Compte tenu de leur mauvais état visible à l’œil nu, il était évident que les retirer ainsi du bâtiment risquait de les endommager davantage.
Les Archives publiques de l’Ontario à la rescousse
La solution? Faire appel à des experts des Archives publiques de l’Ontario. Le conservateur de la Collection d’œuvres d’art du gouvernement de l’Ontario et les conservateurs-restaurateurs des Archives ont été invités à évaluer les panoramas et à recommander un plan de préservation à long terme pour les stabiliser, les entreposer et les présenter. La première étape consistait à transférer les photos sous la garde des Archives. Dans un premier temps, elles devaient être déplacées dans les locaux des Archives, puis déposées au 77, rue Grenville, à plusieurs pâtés de maisons de là. Cependant, il a été déterminé ultérieurement que la chambre forte d’entreposage hors site des Archives était un meilleur choix.
La seule façon pratique de déplacer les photographies consistait d’abord à les retirer de leurs cadres et de leur support métallique rigide. Une grande salle d’entreposage au quatrième étage de l’Assemblée législative leur a servi d’abri à court terme pour effectuer ce travail; puis, le long périple de récupération des panoramas a débuté. Lisez la suite pour suivre le processus et découvrir la fascination durable pour ces documents qui immortalisent l’une des destinations touristiques les plus visitées du Canada.
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Panoramas de Niagara Falls : deux merveilles photographiques et leur préservation
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