La restauration
Au-delà du nettoyage, les panoramas ont nécessité des réparations importantes en vue de leur préservation pour les générations futures. Les conservateurs-restaurateurs ont mis leurs connaissances et leurs compétences à l’épreuve pour s’assurer que ces photographies fascinantes résisteraient à l’épreuve du temps.
Les installations actuelles des Archives publiques de l’Ontario sur le campus Keele de l’Université York étant un rêve lointain lorsque les travaux sur les panoramas ont commencé en 2004; les exposer au public n’était pas la principale priorité. L’objectif était plutôt de stabiliser les dommages existants pour transporter les photos en toute sécurité vers un entreposage approprié. Il a fallu des heures de travail, d’innombrables fournitures et une résolution de problèmes exceptionnelle pour obtenir les résultats qui ont permis leur déplacement en 2006 et à leur conservation durable pour les années à venir.
Tentative de retrait du support
Les conservateurs-restaurateurs ont effectué des essais afin de trouver une méthode sûre pour séparer les épreuves de leur support en acier et les enrouler autour de larges tubes rembourrés pour un meilleur entreposage. La meilleure méthode consistait à chauffer l’acier par dessous avec un fer à repasser et à soulever tout doucement l’épreuve à l’aide d’une minuscule spatule; mais, même cette technique aggravait les dommages existants. En conséquence, l’équipe a résolu de solidariser les panoramas à leur support, puis de procéder à leur déplacement et à leur entreposage conjointement avec ces plaques métalliques. Cette approche constituait une solution de repli majeure.
Réparation des déchirures et des écaillures
La réparation des déchirures et des écaillures de la couche d’image était essentielle pour déplacer les panoramas en toute sécurité et les préserver à long terme. Les conservateurs-restaurateurs ont renforcé les morceaux décollés et les déchirures avec du papier de soie japonais appliqué avec de la gélatine ou de la colle d’amidon de blé. Ces adhésifs sont réversibles, relativement résistants et ne décolorent pas ou n’assombrissent pas les images; la force et la flexibilité du papier japonais, elles, le rendent une solution idéale pour les réparations. En appliquant de la gélatine sur les parties écaillées de l’image, les conservateurs-restaurateurs ont pu empêcher une perte d’image supplémentaire.
Fixation du support en bois
Un des problèmes qui se posaient était les deux fissures dans le cadre de support en bois sous le panorama d’hiver de Niagara Falls, qui ont dû se produire lors du déplacement de la photo vers le grenier. Les conservateurs-restaurateurs ont utilisé de la colle de menuisier et des plaques métalliques minces et rectangulaires pour renforcer les parties brisées du support en bois. Ils ont également appliqué de la colle de poisson, qui est une colle naturelle fabriquée à partir de résidus organiques de poisson, pour réparer les fentes plus petites dans le bois. Ensuite, ils ont utilisé des vis pour rattacher la plaque métallique au support en bois le long du bord supérieur gauche où certains des clous d’origine manquaient.
Réparation du cadre
Les cadres extérieurs des photographies, en bois massif avec un placage marron foncé, étaient dans l’ensemble en bon état, à l’exception de quelques décollements sur les bords et d’un aspect terne causé par la saleté en surface. Toutefois, le « filet » doré peint du panorama d’hiver (la crête décorative sur le pourtour intérieur du cadre qui maintient également la photo dans le cadre) était en mauvais état. Les conservateurs-restaurateurs ont reconstruit les parties manquantes et renforcé les parties fissurées ou cassées à l’aide de colle de menuisier et de colle de poisson. Ils ont également appliqué une colle blanche de qualité de conservation pour recoller la peinture dorée écaillée du filet.
À vos marques, prêts… changez!
L’espace de travail limité ne pouvait recevoir qu’un seul panorama à traiter à la fois. Pendant que les conservateurs-restaurateurs utilisaient les tables pour travailler sur l’une des photographies, l’autre panorama et les deux cadres étaient enveloppés dans une feuille de protection et posés contre les murs de la pièce.
Le repositionnement des panoramas, que ce soit pour en retirer les cadres ou passer du traitement d’une photo à l’autre, a nécessité l’aide de nombreuses personnes et un plan de bataille clair.
Les résultats
Les traitements ultérieurement menés en partenariat avec l’Institut canadien de conservation entre 2013 et 2016 ont encore amélioré l’état et l’apparence des panoramas. En utilisant des méthodes de conservation plus perfectionnées et des connaissances qui n’étaient pas disponibles auparavant, les conservateurs-restaurateurs ont réussi à retirer les photos de leur support métallique et à réduire davantage les taches, les déchirures et les dommages à la surface. Ce travail de préservation était essentiel à la sauvegarde de ces documents visuels de l’un des symboles les plus emblématiques du Canada.
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Le nettoyage
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Le déplacement
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