Au XVe siècle, les puissances coloniales européennes commencent à asservir et à déplacer de force des Africains vers le monde atlantique. La traite transatlantique des esclaves dure 400 ans et plus de 12 millions d’Africains sont détenus en esclavage.
Au Canada, les Français établissent le système d’esclavage racial au XVIIe siècle. Puis, les Britanniques maintiennent et élargissent ce système après la guerre de Sept Ans. En Nouvelle-France, les Autochtones (souvent appelés « panis ») représentent les deux tiers de la population asservie, les Noirs composant le tiers restant. Le premier esclave noir enregistré au Canada est un jeune garçon, nommé Olivier Le Jeune. Il est vendu à Québec en 1628. En 2022, Olivier est désigné personnalité historique nationale.
Les Articles de capitulation sont signés pendant la guerre de Sept Ans à Montréal, le 8 septembre 1760. Dans ce document, l’esclavage est reconnu comme un droit protégé des colons blancs :
« Les nègres et panis [esclaves autochtones] des deux sexes resteront en leur qualité d’esclaves en la possession des Français et Canadiens à qui ils appartiennent; il leur sera libre de les garder à leur service dans la colonie ou de les vendre […] » - Article 47 des Articles de capitulation, Montréal, 8 septembre 1760 |
Après 1760, sous le régime britannique, la majorité des personnes asservies dans les colonies de l’Amérique du Nord britannique sont des Noirs.
Après la capitulation des Britanniques lors de la dernière grande bataille de la Guerre d’indépendance des États‑Unis (1775‑1783), un grand nombre de personnes restées fidèles à la Couronne britannique (loyalistes) migrent vers le Haut-Canada. Elles emmènent les Noirs qu’elles avaient asservis. Les esclaves sont considérés comme des biens pouvant être achetés et vendus. Le nombre de personnes asservies dans le Haut-Canada augmente considérablement après l’arrivée des loyalistes.
Le registre du recensement de Détroit en 1773, qui comprend Sandwich et Windsor sur la rive sud de la rivière Détroit, dénombre les esclaves noirs et autochtones. Il recense six hommes et trois femmes asservis. Cependant, à peine 7 ans plus tard, en 1780, ce nombre passe à 79 hommes et à 96 femmes asservis. Entre les années 1770 et 1834, il y a plus de 600 Noirs dans le Haut-Canada (aujourd’hui l’Ontario) qui sont tenus en servitude héréditaire générationnelle.
Comparativement aux États-Unis et à d’autres sociétés esclavagistes basées sur les plantations, les esclaves représentent une faible proportion de la population canadienne. On croit souvent à tort que cela signifie que l’esclavage au Canada est moins restrictif qu’ailleurs. Cette perception nie la brutalité de l’esclavage en tant qu’institution. Le petit nombre de personnes asservies donne à penser que celles‑ci vivent isolées les unes des autres et qu’elles font probablement l’objet d’une surveillance intensive exercée par la société blanche.
L’esclavage est généralisé dans le Haut-Canada. Le fait de considérer les esclaves comme des biens constitue un symbole de statut et de pouvoir. Alors que des personnes de toutes les couches sociales asservissent des Noirs et des Autochtones, bon nombre des membres de l’élite politique et sociale sont des esclavagistes. Il s’agit notamment de William Jarvis (secrétaire provincial), du colonel John Butler, de James Baby (député de l’Assemblée législative), de Richard Beasley (commerçant et politicien), de Matthew Elliott (officier de milice et surintendant du ministère des Indiens), de Peter Russell (politicien) et de Joseph Brant (chef mohawk).
Joseph Brant (Thayendanegea)
Chef des Six Nations
Code de référence : S 2076
Archives publiques de l’Ontario, I0013621
William Jarvis avec son fils Samuel Peters Jarvis
[vers 1791]
James Earl
Huile sur toile
Musée royal de l’Ontario © ROM, 981.79.2
L’honorable Peter Russell [président et
administrateur du Haut Canada, 1796 1799]
George Theodore Berthon
Huile sur toile, 43 X 33,5 po; 109,2 x 85,1 cm
Collection d’œuvres d’art du gouvernement de l’Ontario, 693124
Dans cette vidéo, découvrez comment les noms de rues à Windsor, en Ontario, correspondent aux noms de grandes familles esclavagistes.