En 1912, plusieurs des projets qui tracassaient l’OSA depuis longtemps commencèrent à porter leurs fruits. L’établissement d’une galerie d’art permanente était devenu possible grâce au legs fait par Mme Goldwin Smith, à son décès en 1909, de sa résidence, The Grange, qui devint le Musée d’art de Toronto, maintenant appelée le Musée des beaux-arts de l’Ontario.
L’ajout de nouvelles galeries au nord de la vieille maison a donc agrandi le musée. Ces galeries ouvrirent officiellement le 4 avril 1918 en présence de nombreux membres de l’OSA.
D’autre part, en 1912, le gouvernement provincial accorda une charte à la Central Ontario School of Art and Design afin d’ouvrir un collège des arts.
Grâce à une subvention importante, l’école fut entièrement réorganisée et renommée l’Ontario College of Art (École des Arts de l'Ontario). Les cours au nouveau collège se déroulaient dans l’édifice de l’école normale sur la rue Gould, et George Reid en fut nommé le premier directeur. En 1996, le Collège fut renommé l’École d'art et de design de l'Ontario. En 2020, le gouvernement de l’Ontario lui accorda les pleins pouvoirs d'attribution de grades, et il devint l’Université de l'École d'art et de design de l'Ontario (Université de l'EADO).Alors que tous ces projets se mettaient en place, le sous-ministre de l’Éducation de l’Ontario envoya à l’OSA un message inattendu au sujet de la subvention annuelle. Il annonçait que l’entente gérant l’exposition des œuvres des membres dans la Galerie d’art provinciale de l’Educational Museum (musée didactique) allait être annulée avant la fin de l’année. Cette annulation s’appliquera aussi à la subvention de 800 $ que le gouvernement n’attribuera plus.
Entre-temps, le gouvernement avait aussi pris la décision de fermer les galeries de tableaux du musée didactique. À la suite de ces fermetures, les acquisitions de l’OSA furent réparties entre les six écoles normales. Il se peut qu’un certain nombre de facteurs ait influencé le ministre dans sa décision. La dispute permanente qui a semblé marquer les relations entre le gouvernement et l’OSA n’en est sûrement pas le moindre. Un autre facteur plausible est le soutien du gouvernement aux nouvelles institutions qui offraient d’autres possibilités d’exposer publiquement des œuvres d’art avec l’ouverture de l’Art Museum of Toronto et du Musée royal de l'Ontario en 1912.
L’annulation de l’entente gouvernementale avec l’OSA n’a pourtant pas mis fin aux acquisitions d’œuvres d’art. En 1913 et 1914, un comité spécial mis sur pied par le ministre de l’Éducation a sélectionné vingt-trois autres peintures présentées aux expositions annuelles de l’OSA de 1913 et de 1914 et à l’exposition du Canadian Art Club de 1913. Ces œuvres furent également réparties entre les écoles normales provinciales.
Même s’il ne reste que six de ces peintures dans la collection actuelle, elles comprennent une très belle scène hivernale, La rivière Magog de Marc-A. Suzor-Côté, La clairière d’Arthur Lismer et Le seuil de Florence Carlyle.Le programme d’acquisition d’art du gouvernement avec l’OSA prit fin après les acquisitions faites en 1914. Même si l’annulation du programme d’acquisition a pu être causée par le changement des priorités pendant les années de guerre, on n’en connaît pas vraiment la raison. Néanmoins, le gouvernement a acquis un total de 167 œuvres réalisées par 60 artistes.
Malheureusement, en raison de la répartition faite dans les écoles normales, on n’a peu d’archives et on n’a pas d’information sur les allées et venues de nombreuses œuvres au fil des années consécutives. Des peintures ont sans doute étaient perdues ou jetées. On en connaît qui ont été détruites, notamment une grande quantité de celles qui se trouvaient à l’école normale d’Hamilton qui fut la proie d’un incendie en 1953.
Les écoles normales furent renommées collèges des enseignants en 1953 et, à la fin des années 1970, ces collèges furent absorbés par les facultés d’éducation universitaires. Certaines des œuvres d’art existantes furent renvoyées au gouvernement à ce moment-là, d’autres furent données aux institutions publiques provinciales. Les bénéficiaires incluaient le Collège Nipissing (aujourd’hui université) de North Bay et la galerie d’art de Peterborough. En 1972, le gouvernement de l’Ontario a fait un cadeau particulièrement important aux Musée des beaux-arts de l’Ontario en lui remettant des œuvres d’art. Parmi les vingt et une œuvres remises, huit avaient été acquises aux expositions de l’OSA. Elles comprenaient Lac du Nord de Tom Thomson, Seigneurs de la forêt de Lucius O’Brien, Ombres matinales de J. E. H. MacDonald et The Tiff de Florence Carlyle.
On sait que seulement 43 des acquisitions initiales de l’OSA se trouvent encore dans la collection actuelle. La majorité d’entre elles sont exposées publiquement dans les couloirs de l’Assemblée législative de l’Ontario à Queen’s Park.
L’histoire de l’OSA révèle le rôle lent, mais de plus en plus visible, joué par certaines femmes dans la vie artistique de l’Ontario au tournant du 20e siècle. Bien que les femmes aient été admises à l’OSA dès ses débuts, elles n’étaient pas autorisées à voter aux assemblées, et leur participation progressa lentement; entre 1875 et 1914, le nombre total d’artistes de sexe féminin membres de l’OSA passa de deux à neuf.
Aujourd’hui, l’Ontario Society of Artists comprend presque 200 artistes. Elle continue à organiser des expositions-concours ainsi que des expositions de tous ses membres dans divers endroits de la province. L’OSA publie un bulletin de nouvelles régulièrement et maintient aussi un site Web qui prône son histoire et ses activités courantes.