Sir Max Aitken (qui est devenu plus tard Lord Beaverbrook), un Canadien âgé de 39 ans, membre du parlement britannique depuis 1910, est revenu au Canada en 1914 pour offrir ses services au gouvernement canadien. On lui a alors assigné le mandat de « témoin canadien », sa responsabilité étant de rapporter les activités du Corps expéditionnaire canadien.
Le Bureau canadien des archives de guerre (BCAG) a été établi par Lord Beaverbrook à Londres pour documenter les activités canadiennes au cours de la guerre et rapporter ces activités aux publics canadien et britannique.
L’objectif du BCAG était principalement de solliciter l’appui des efforts de guerre et d’encourager des volontaires à se joindre aux rangs des forces canadiennes. Cette tâche était importante, car la conscription n’est apparue au Canada qu’en 1917.
En novembre 1916, Lord Beaverbrook a également fondé le Fonds de souvenirs de guerre canadiens (FSGC), qui était géré par le BCAG. Quoiqu’il reconnaissait leur importance aux fins de propagande, il savait que les films et les photographies ne disaient pas toute la vérité sur la guerre.
Voici ce qu’il a écrit : « les tableaux sont le format permanent et essentiell pour le rappel à la postérité des grands exploits de la nation canadienne au cours de la guerre »
(p. 27, Tippett - traduction libre).
St. Jacques, Ypres |
Le FSGC est devenu un système de parrainage à mesure que Lord Beaverbrook demandait à des artistes et à des illustrateurs de documenter certains sujets canadiens. Les artistes participants étaient considérés comme des « invités du roi » et recevaient une charge honoraire au sein du Corps canadien ainsi qu’un salaire du gouvernement du Canada. Ces dépenses étaient remboursées par le BCAG.
Cette pratique a éventuellement mené à l’embauche de plus de cent artistes de nombreuses nationalités différentes ainsi qu’à la création de centaines de peintures à l’huile, de croquis, de gravures, de sculptures et d’aquarelles dépeignant les activités de guerre, tant à l’étranger que sur le front domestique.
Lord Beaverbrook s’attendait d’abord à ne recruter que des artistes britanniques. Il s’est vite rendu compte que certains artistes canadiens avaient des talents considérables, et les a bientôt embauchés pour contribuer à la collection du FSGC. Quoique les artistes canadiens étaient en minorité, ils se sont démarqués en créant de nombreuses images mémorables. Parmi eux, notons A. Y. Jackson, David Milne, Maurice Cullen, F. H. Varley et Arthur Lismer.
Désirant des œuvres-témoins créées spontanément à partir de croquis pris sur le vif, Lord Beaverbrook encourageait ses artistes à se promener en première ligne et leur donnait la liberté d’aller presque partout où ils voulaient. Cependant, à sa plus grande frustration, seuls quatre artistes avaient la permission d’être en première ligne en tout temps. Cette restriction a été modifiée au début de 1918 pour permettre à six artistes plutôt qu’à quatre d’aller à leur guise en première ligne.
De nombreux artistes ont donc dû se résigner à faire leurs croquis derrière les lignes, où ils pouvaient être arrêtés et accusés d’être des espions, être bombardés par un avion allemand ou encore devenir la cible des artilleries allemandes à tout endroit qu’ils choisissaient de reproduire.
The Road to Ypres Through Vlamertinghe |
La création du FSGC ne marquait par le début des arts de la guerre, car de nombreux soldats des armées impliquées faisaient déjà des croquis à des fins de reconnaissance ou simplement pour tuer le temps. Ils ont créé des tableaux d’honneur et des affiches de guerre, et ont fait don de leurs images à des œuvres importantes.
Le FSGC a toutefois donné la chance à de nombreux artistes de travailler par l’entremise de médias différents, à un moment où de telles activités auraient pu être considérées comme inappropriées en matière de temps et de ressources.
The Barrier, Mont St. Eloy |
Vlamertinghe |