Premier acte : Planter le décor de la scène théâtrale dans les années 1800
Le théâtre joué dans la tradition européenne commence avec les premiers colons, mais connaît une ascension dans les années 1800 grâce à l’industrialisation, à l’expansion et au divertissement fournis par les officiers de la garnison britannique, les acteurs amateurs locaux et des troupes d’acteurs itinérants. Ces fondements du récit et des représentations jouent un rôle essentiel dans le façonnement de l’art dramatique en Ontario dans les décennies qui suivent.
Les débuts du théâtre en Ontario
Le théâtre en Ontario est profondément enraciné dans le passé. Pendant des siècles, des artistes autochtones se servent de costumes et effets élaborés dans le cadre de différentes traditions de récits sur tout le territoire que nous appelons maintenant l’Ontario.
Sur la route
L’amélioration du transport contribue à l’élargissement des représentations théâtrales en Ontario à la fin du 19e siècle. L’inauguration du canal Érié en 1825 et l’expansion des lignes ferroviaires dans les décennies qui suivent relient les centres théâtraux américains aux Grands Lacs. Ces voies de transport donnent lieu au premier vedettariat d’acteurs américains jouant dans les circuits théâtraux—des tournées rentables durant lesquelles les troupes présentent le même spectacle dans de grandes villes aux États-Unis et au Canada.
Bâtir la scène théâtrale de l’Ontario
Les villes et municipalités de l’Ontario—qui grossissent en raison de l’industrialisation et de la prospérité économique—sont témoins d’un essor important dans la construction de théâtres dans la deuxième moitié des années 1800. L’un de ces premiers théâtres est le théâtre Lyceum de Toronto, inauguré par la nouvelle troupe de la ville appelée Amateur Theatrical Society en 1846. Les représentations habituelles incluent des pièces britanniques (en particulier les œuvres shakespeariennes) ou des spectacles inspirés de la littérature américaine.
Ménestrels et la politique du « blackface »
L’influence du théâtre américain en Ontario se retrouve également dans l’ascension des ménestrels à compter du milieu des années 1800, et renforcée par la prolifération du vaudeville dans les décennies à venir. Popularisés par les troupes de théâtre américaines se produisant à Toronto, les numéros de ménestrels étaient un incontournable des revues musicales professionnelles et amateur et se composaient habituellement d’interprètes masculins s’exprimant ou chantant dans un dialecte noir imaginaire et arborant un « blackface »—un maquillage pour le visage créé à partir de liège brûlé et broyé mélangé à de l’eau ou à de la gelée de pétrole.
Des acteurs blancs ainsi que certains acteurs noirs apparaissaient dans les numéros de « blackface » au 19e siècle, alors que des membres de troupes de ménestrels noirs étaient forcés d’exécuter des numéros racistes exigés par le public afin de pouvoir monter sur scène. Les interprètes arborant le « blackface » mettaient souvent en scène le roman de 1852 de Harriet Beecher Stowe, La Case de l’oncle Tom, qui alimentait le mythe voulant que le Canada soit un refuge sûr pour les Afro-Américains qui fuyaient l’esclavage. Ces numéros étaient des caricatures basées sur des stéréotypes racistes, et légitimisaient et perpétuaient l’exclusion des Noirs de la société ordinaire ainsi que la perception d’une identité canadienne.
Opéras en vedette
La conception des théâtres prend de l’ampleur dans les années 1870 et 1880 avec la construction des premiers opéras de l’Ontario. Le Grand Opera House, un opéra richement décoré inauguré à Toronto en 1874, peut accueillir plus d’un millier de personnes. Le bâtiment est également doté de technologies innovantes, y compris un éclairage au gaz pouvant être allumé ou éteint à l’aide d’un simple interrupteur électrique.
Bien que le nom « opéra » suggère une certaine respectabilité dans une époque de sensibilités victoriennes, peu d’opéras étaient présentés dans ces salles. La plupart des salles présentaient des comédies musicales ou farces, des œuvres dramatiques, du théâtre amateur, des spectacles de ménestrels et des mélodrames de troupes itinérantes, par exemple Only a Farmer’s Daughter, jouée par une troupe de théâtre amateur de St. Catharines (Ontario), vers 1891. Les photographies de format cabinet ci-dessous pourraient avoir servi à promouvoir le spectacle ou avoir été vendues en tant que souvenirs.
Étoile charismatique
Les théâtres de l’Ontario accueillent certains des artistes internationaux les plus célèbres de l’époque. Sarah Bernhardt de France se produit dans de nombreuses salles de l’Ontario à la fin des années 1800, et sa prestation dans La Tosca à l’Academy of Music de Toronto en 1891 est décrite par le Globe comme étant « l’un des principaux événements dramatiques de la saison ». La Lyceum Company d’Angleterre, qui compte dans ses rangs le renommé acteur britannique Henry Irving, effectue plusieurs tournées en Amérique du Nord, y compris une représentation au Grand Opera House de Toronto en 1884.
Les acteurs amateurs et les dramaturges occupent la scène
Même si les projecteurs sont souvent braqués sur les vedettes internationales et les troupes itinérantes qui présentent des pièces américaines et britanniques, de nombreuses productions dans l’Ontario du 19e siècle sont écrites et mises en scène par des amateurs locaux. Fanny Marion Chadwick était une dramaturge et actrice amateur de Toronto dont les pièces ont mobilisé et cultivé le talent des artistes locaux. Voyez les propres notes de Chadwick sur le programme de sa farce Scandal (1892) pour découvrir ses réflexions concernant les aptitudes des acteurs de l’Ontario!
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Deuxième acte : Le vaudeville vole la vedette au début des années 1900
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