Premier acte : Planter le décor de la scène théâtrale dans les années 1800 - Archives publiques de l’Ontario
Sepia-toned photo of two men and one woman acting out a scene in the 1890s. The woman points a gun at a man in a soldier’s uniform while the other man crouches by a rock behind her.
ONLINE EXHIBIT: La scène en Ontario : Pleins feux sur l’histoire du théâtre en Ontario

Premier acte : Planter le décor de la scène théâtrale dans les années 1800

Les débuts du théâtre en Ontario

Le théâtre en Ontario est profondément enraciné dans le passé. Pendant des siècles, des artistes autochtones se servent de costumes et effets élaborés dans le cadre de différentes traditions de récits sur tout le territoire que nous appelons maintenant l’Ontario.

Deux acteurs blancs en prestation avec un fusil et une bouteille d’alcool.

« Nous sommes allés au théâtre à l’hôtel de ville – nous avons vu les pièces Hunter of the Alps & Perfection. Jeu très tolérable [d’une] troupe anglaise. »

– Entrée du 3 août 1840 dans le journal de Larratt William Smith

Sur la route

L’amélioration du transport contribue à l’élargissement des représentations théâtrales en Ontario à la fin du 19e siècle. L’inauguration du canal Érié en 1825 et l’expansion des lignes ferroviaires dans les décennies qui suivent relient les centres théâtraux américains aux Grands Lacs. Ces voies de transport donnent lieu au premier vedettariat d’acteurs américains jouant dans les circuits théâtraux—des tournées rentables durant lesquelles les troupes présentent le même spectacle dans de grandes villes aux États-Unis et au Canada.

Map of the Grand Trunk Railway from 1865, showing routes around the Great Lakes.
Affiche d’un concert bénéfice à Richmond Hill (Ontario) le 15 juin 1892 mettant en vedette Pauline Johnson.

Bâtir la scène théâtrale de l’Ontario

Les villes et municipalités de l’Ontario—qui grossissent en raison de l’industrialisation et de la prospérité économique—sont témoins d’un essor important dans la construction de théâtres dans la deuxième moitié des années 1800. L’un de ces premiers théâtres est le théâtre Lyceum de Toronto, inauguré par la nouvelle troupe de la ville appelée Amateur Theatrical Society en 1846. Les représentations habituelles incluent des pièces britanniques (en particulier les œuvres shakespeariennes) ou des spectacles inspirés de la littérature américaine.

Affiche-programme annonçant les pièces The Hunchback et The Windmill au théâtre Lyceum à Toronto le 12 juin 1846.

Ménestrels et la politique du « blackface »

L’influence du théâtre américain en Ontario se retrouve également dans l’ascension des ménestrels à compter du milieu des années 1800, et renforcée par la prolifération du vaudeville dans les décennies à venir. Popularisés par les troupes de théâtre américaines se produisant à Toronto, les numéros de ménestrels étaient un incontournable des revues musicales professionnelles et amateur et se composaient habituellement d’interprètes masculins s’exprimant ou chantant dans un dialecte noir imaginaire et arborant un « blackface »—un maquillage pour le visage créé à partir de liège brûlé et broyé mélangé à de l’eau ou à de la gelée de pétrole.

Des acteurs blancs ainsi que certains acteurs noirs apparaissaient dans les numéros de « blackface » au 19e siècle, alors que des membres de troupes de ménestrels noirs étaient forcés d’exécuter des numéros racistes exigés par le public afin de pouvoir monter sur scène. Les interprètes arborant le « blackface » mettaient souvent en scène le roman de 1852 de Harriet Beecher Stowe, La Case de l’oncle Tom, qui alimentait le mythe voulant que le Canada soit un refuge sûr pour les Afro-Américains qui fuyaient l’esclavage. Ces numéros étaient des caricatures basées sur des stéréotypes racistes, et légitimisaient et perpétuaient l’exclusion des Noirs de la société ordinaire ainsi que la perception d’une identité canadienne.

Avis de contenu : ce document contient une insulte raciste contre les Noirs. Apprenez-en plus sur le contenu préjudiciable.

Les spectacles de ménestrels ont été courants dans les spectacles amateurs préparés par les écoles, églises et clubs sociaux de la province jusqu’à la fin du 20e siècle; des générations de personnes blancs ont participé à ces productions, assurant ainsi le maintien d’idéologies racistes envers les personnes noires en Ontario. Cette forme d’imitation raciale a empêché la pleine participation des Canadiens de race noire à la vie communautaire et à l’édification du pays—un moyen de ségrégation qui continue d’avoir un impact direct sur la vie des personnes noires en Ontario encore à ce jour.

Opéras en vedette

La conception des théâtres prend de l’ampleur dans les années 1870 et 1880 avec la construction des premiers opéras de l’Ontario. Le Grand Opera House, un opéra richement décoré inauguré à Toronto en 1874, peut accueillir plus d’un millier de personnes. Le bâtiment est également doté de technologies innovantes, y compris un éclairage au gaz pouvant être allumé ou éteint à l’aide d’un simple interrupteur électrique.

Bien que le nom « opéra » suggère une certaine respectabilité dans une époque de sensibilités victoriennes, peu d’opéras étaient présentés dans ces salles. La plupart des salles présentaient des comédies musicales ou farces, des œuvres dramatiques, du théâtre amateur, des spectacles de ménestrels et des mélodrames de troupes itinérantes, par exemple Only a Farmer’s Daughter, jouée par une troupe de théâtre amateur de St. Catharines (Ontario), vers 1891. Les photographies de format cabinet ci-dessous pourraient avoir servi à promouvoir le spectacle ou avoir été vendues en tant que souvenirs.

Sepia-toned photo of two men and one woman acting out a scene in the 1890s. The woman points a gun at a man in a soldier’s uniform while the other man crouches by a rock behind her. Sepia-toned photo of two men and one woman acting out a scene in the 1890s. The woman points a gun at a man in a soldier’s uniform while the other man crouches by a rock behind her.
Deux acteurs blancs incarnant des fermiers. Une femme tient un seau et pointe en direction d’un homme avec une pelle. Les répliques de la femme se trouvent plus bas. Deux acteurs blancs incarnant des fermiers. Une femme tient un seau et pointe en direction d’un homme avec une pelle. Les répliques de la femme se trouvent plus bas.
Deux acteurs blancs. Un homme et une femme bien vêtus se regardent intensément. Les répliques de la femme se trouvent plus bas. Deux acteurs blancs. Un homme et une femme bien vêtus se regardent intensément. Les répliques de la femme se trouvent plus bas.
Deux acteurs : un homme bien vêtu, deux doigts levés, se penche vers une femme portant une robe à corset, des manches à volants et un tablier. Elle se tient les mains sur les hanches. Les répliques de l’homme suivent. Deux acteurs : un homme bien vêtu, deux doigts levés, se penche vers une femme portant une robe à corset, des manches à volants et un tablier. Elle se tient les mains sur les hanches. Les répliques de l’homme suivent.
Quatre acteurs : une femme élégamment vêtue tient la main d’une jeune fille et lève l’autre main, dans laquelle elle serre un couteau, au-dessus d’un homme accroupi qui la regarde, les bras légèrement levés. Une femme âgée se tient derrière lui et regarde en direction de la jeune fille à droite. Les répliques de la femme élégante suivent. Quatre acteurs : une femme élégamment vêtue tient la main d’une jeune fille et lève l’autre main, dans laquelle elle serre un couteau, au-dessus d’un homme accroupi qui la regarde, les bras légèrement levés. Une femme âgée se tient derrière lui et regarde en direction de la jeune fille à droite. Les répliques de la femme élégante suivent.

Étoile charismatique

Les théâtres de l’Ontario accueillent certains des artistes internationaux les plus célèbres de l’époque. Sarah Bernhardt de France se produit dans de nombreuses salles de l’Ontario à la fin des années 1800, et sa prestation dans La Tosca à l’Academy of Music de Toronto en 1891 est décrite par le Globe comme étant « l’un des principaux événements dramatiques de la saison ». La Lyceum Company d’Angleterre, qui compte dans ses rangs le renommé acteur britannique Henry Irving, effectue plusieurs tournées en Amérique du Nord, y compris une représentation au Grand Opera House de Toronto en 1884.

Affiche-programme de 1891 pour la pièce La Tosca à l’Academy of Music de Toronto, avec illustration de Sarah Bernhardt au bas.
Buste et portrait d’Henry Irving dans un cadre oval orné de feuillage avec les masques de la comédie et de la tragédie au bas.
Affiche-programme des productions Charles I et Louis XI, mettant en vedette Henry Irving, au Grand Opera House de Toronto en 1884.

Les acteurs amateurs et les dramaturges occupent la scène

Même si les projecteurs sont souvent braqués sur les vedettes internationales et les troupes itinérantes qui présentent des pièces américaines et britanniques, de nombreuses productions dans l’Ontario du 19e siècle sont écrites et mises en scène par des amateurs locaux. Fanny Marion Chadwick était une dramaturge et actrice amateur de Toronto dont les pièces ont mobilisé et cultivé le talent des artistes locaux. Voyez les propres notes de Chadwick sur le programme de sa farce Scandal (1892) pour découvrir ses réflexions concernant les aptitudes des acteurs de l’Ontario!

Chadwick observe que Tiny Ruthven, qui tient le rôle de « Bertie » (Lady Willowsby), « était encore meilleure qu’avant »; Claude Norrie, qui joue le rôle de Lord Willowsby, « était très bien [et] jouait parfaitement son rôle »; Bert Winans, dans son rôle du capitaine George Audley était « meilleur que jamais »; Jim McMurray, dans le rôle de Dennis, était « effacé »; Dick Chadwick, dans le rôle de Jehosaphat, « a pris [le] public d’assaut. »

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Mis à jour : octobre 22, 2025 02:58 PM
Date de publication : août 1, 2025