La scène théâtrale de l’Ontario a grossi considérablement dans la deuxième moitié du 20e siècle et au début du 21e siècle. La diversité et les contrastes caractérisent ces décennies : les superproductions musicales et les circuits des tournées prennent de l’expansion dans le milieu du théâtre alternatif et communautaire, et une voix nettement canadienne s’élève au-dessus de la pluralité des voix qui prospèrent dans les théâtres axés sur des groupes culturels et minoritaires particuliers. Cette période éclectique dans l’histoire du théâtre en Ontario révèle à quel point l’art dramatique s’est taillé une place durable sous les projecteurs.
La construction du Centre O’Keefe (maintenant appelé Meridian Hall) à Toronto à la fin des années 1950 a un impact immense sur la scène culturelle de la ville et aide à relancer le fait d’aller au théâtre à une époque où la popularité répandue de la télévision rend moins courant le fait d’assister à des représentations en salle. Des essais « pré-Broadway » joués au Centre O’Keefe propulsent rapidement Toronto dans les ligues majeures du monde du spectacle, et ses vedettes internationales attirent des publics dans une mesure que l’on n’avait pas connue depuis les beaux jours du vaudeville.
Formulaire de commande par correspondance de billets pour La Mélodie du bonheur au Centre O’Keefe, Toronto (Ontario), 1961 à 1963
Correspondance du ministère du Tourisme et de l’Information
RG 5-4
Archives publiques de l'Ontario, I0074045 et I0074046
Communiqué de presse du festival des arts de la scène de l’Ontario, 6 décembre 1966
Dossiers de projet de la Direction de la planification du centenaire
– Arts de la scène : divers, 1966-1967
RG 5-52
Archives publiques de l'Ontario, I0074048-I0074051
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Communiqué de presse du festival des arts de la scène de l’Ontario, 6 décembre 1966
Dossiers de projet de la Direction de la planification du centenaire
– Arts de la scène : divers, 1966-1967
RG 5-52
Archives publiques de l'Ontario, I0074048-I0074051
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Communiqué de presse du festival des arts de la scène de l’Ontario, 6 décembre 1966
Dossiers de projet de la Direction de la planification du centenaire
– Arts de la scène : divers, 1966-1967
RG 5-52
Archives publiques de l'Ontario, I0074048-I0074051
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Communiqué de presse du festival des arts de la scène de l’Ontario, 6 décembre 1966
Dossiers de projet de la Direction de la planification du centenaire
– Arts de la scène : divers, 1966-1967
RG 5-52
Archives publiques de l'Ontario, I0074048-I0074051
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Le centenaire du Canada en 1967 fait naître le désir de développer l’identité culturelle du pays. Ce nationalisme rehaussé s’étend à la sphère théâtrale avec le festival des arts de la scène — un programme d’un an créé pour le centenaire dans le cadre duquel des groupes d’arts de la scène ont visité 92 villes et municipalités en Ontario. Bon nombre des productions étaient écrites par des artistes canadiens et mettaient en vedette des artistes canadiens. La réponse des collectivités de l'Ontario fut si grande que le calendrier de tournée est passé d’environ 200 représentations à 288.
Le théâtre alternatif est passé à l’avant-scène dans le mouvement de contre-culture des années 1960 en réaction au florissant théâtre professionnel traditionnel à Stratford, et aux spectacles américains et britanniques itinérants populaires présentés au théâtre Royal Alexandra et au Centre O’Keefe de Toronto. The Awkward Stage — le rapport sur l’étude du théâtre en Ontario commandé par le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts de la province de l'Ontario en 1969 — conclut que la province a besoin d’en faire plus pour soutenir les aspirants professionnels du milieu des arts et démontrer les mérites et le potentiel du théâtre. Ces conditions favorisent une nouvelle orientation théâtrale et permettent à des théâtres alternatifs comme le théâtre Toronto Workshop Productions, le Théâtre Passe Muraille, le Factory Theatre Lab et le théâtre Tarragon de prendre leur envol.
Le théâtre Toronto Workshop Productions (TWP), fondé en 1959 sous la direction artistique de George Luscombe, fut l’un des premiers théâtres alternatifs de l’Ontario. L’utilisation faite par TWP des créations collectives — le processus au moyen duquel un groupe d’artistes du théâtre collaborent pour réaliser un scénario — ouvre la voie à d’autres théâtres alternatifs dans les années qui suivent.
Fondé à Toronto en 1968, le Théâtre Passe Muraille est reconnu pour éliminer les barrières entre le public et les interprètes.
Lancé en 1970, le Factory Theatre Lab de Toronto (maintenant appelé Factory Theatre) fut le premier théâtre de langue anglaise au Canada à produire exclusivement des pièces canadiennes.
Le théâtre Tarragon, fondé à Toronto en 1970, est l’un des principaux théâtres à présenter en grande première les nouvelles œuvres de dramaturges canadiens.
Avec l’arrivée en Ontario d’un plus grand nombre d’immigrants durant l’après-guerre, la province assiste à la prolifération de troupes de théâtre représentant différentes communautés culturelles. Un exemple de cette situation est le Hungarian Art Theatre (d’abord appelé le Toronto Comedy Theatre), établi par Sándor Kertész à la fin des années 1950. Cette tendance se poursuit dans les dernières décennies du 20e siècle, alors que les organisations des arts de la scène travaillent à souligner la richesse et la complexité du théâtre de l’Ontario et des talents artistiques de plusieurs groupes minoritaires.
Affiche pour la comédie musicale János Vitéz du Hungarian Art Theatre, Lawrence Park Collegiate, Toronto (Ontario), janvier 1973
Fonds Sandor Kertesz
F 4149-3-0-36
Archives publiques de l'Ontario, I0056346
Le Native Theatre School (maintenant appelé Centre for Indigenous Theatre) a élargi les possibilités de perfectionnement professionnel pour les artistes de théâtre autochtones lorsqu’il fut établi en 1974 sous la direction artistique de Floyd Favel et de Monique Mojica. L’institution continue de faire évoluer la culture de l’interprétation autochtone en Ontario.
Vera Cudjoe, actrice, productrice et éducatrice canado-trinidadienne, a fondé le Black Theatre Canada en 1973. Actif jusqu'en 1988, il encouragea les prestations et l'expression des Noirs à Toronto et créa une nouvelle génération d'artistes noirs.
Le théâtre Buddies in Bad Times fut fondé en 1978 pour encourager l’expression théâtrale queer en créant et en présentant des voix qui remettent en question les normes sexuelles et culturelles.
Le théâtre Nightwood, fondé à Toronto en 1979, est la plus ancienne troupe de théâtre professionnel féminin au Canada. La troupe continue de soutenir la création de pièces originales écrites et dirigées par des femmes.
Le succès des superproductions musicales, proclamé par la production de CATS au théâtre Elgin de Toronto en 1985, est l’un des nombreux facteurs ayant contribué à la renaissance du théâtre aujourd’hui. Ces spectacles rappellent aux gens la magie du théâtre en direct et sa capacité à rassembler les gens pour vivre une expérience commune à une époque où l’art est souvent consommé sur un ordinateur ou un appareil mobile. En tant que forme artistique enracinée dans l’expérience humaine, le théâtre est particulièrement bien placé pour enseigner, provoquer, inspirer, toucher et divertir — des qualités qui contribuent à l’importance et à la pertinence persistantes des arts de la scène en Ontario et partout dans le monde.