L'émigration offrait aux Langton l'occasion de retrouver John et de commencer une nouvelle vie, loin des tracas financiers, mais c'est le cœur lourd qu'ils quittèrent l'Angleterre. Ils se séparaient non seulement de la mère patrie, probablement à jamais, mais aussi de William et de Margaret, qui, à ce moment là, avait trois petites filles. |
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Ils s'embarquèrent à Liverpool, le 24 mai 1837. La ville était en liesse et le grand port pavoisait, car on fêtait la majorité de la princesse Victoria, qui allait monter sur le trône six semaines plus tard, à la mort de Guillaume IV. Aux yeux des Langton, ces réjouissances étaient de bon augure. Nos intrépides voyageurs s'installèrent à bord d’un voilier au nom de circonstance, l'« Independence », qui devait franchir la mer d'Irlande et l'océan Atlantique pour les emmener loin de tout ce qu'ils connaissaient et chérissaient. Tempêtes et calmes plats alternèrent, on croisa baleines et icebergs, et puis il y eut les petites misères de la vie en mer et son train-train, les imprévus des repas à bord et la galerie de « personnages » qu’ils côtoyèrent : la famille eut de quoi tout à tour s'occuper, se vexer et se divertir. Thomas, Ellen et Anne tirent chacun la chronique de leur traversée vers New York, qui, par chance, fut très courte pour l'époque, soit tout juste trois semaines. |
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Lettres et journaux intimes retracent aussi le périple des voyageurs une fois à terre, par voiture, chemin de fer et traversier, de New York à Toronto, puis jusqu'aux lacs de Kawartha. Cette étape du voyage devait durer près de deux mois, en partie à cause de la maladie d'Ellen à New York et à Toronto, des malaises intermittents d'Alice et de l’indisposition d'Anne à Peterborough, mais aussi de l’irrégularité des transports et d'autres inconvénients. À New York, nos voyageurs aguerris déambulèrent le long de Broadway, dînèrent en compagnie des personnes avec qui ils avaient été mis en rapport par des amis mutuels en Angleterre, admirèrent l'architecture de la ville, firent le tour des attractions, se régalèrent des panoramas et explorèrent les boutiques – Anne en profita pour se faire des provisions de fournitures d'artiste |
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À l'exposition annuelle de la National Academy de New York, Thomas et Anne découvrirent des scènes croquées sur l'Hudson par de jeunes artistes américains (plus tard connus sous l'appellation « Hudson River School »). À son départ de New York, Anne coucha sur papier ses propres versions de ces paysages « romantiques » du Nouveau Monde. | ||
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À West Point, les Langton virent parader les cadets du collège militaire et assistèrent à un office religieux qui célébrait la fête de l'Indépendance américaine. Puis la famille poursuivit sa route et remonta l'Hudson vers le Haut-Canada, en passant par Albany, Syracuse, Rochester, Queenston, Niagara et, enfin, Toronto. | ||
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Ces deux dessins et celui qui les surmonte, Land View, font partie d'un ensemble souvenir de quatre. Il arrivait souvent à Anne de représenter un emplacement depuis divers points d’observation. |
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Cliquer pour un agrandissement (47ko) (Il peut sembler approprié d'intercaler cette « représentation » ici. Dans une autre section de l'exposition, toutefois, on pourra admirer deux très bonnes vues des chutes. |
À Niagara, Anne partit de bon matin pour croquer le spectacle des chutes, mais, à sa grande déception, elle est paralysée par l'envergure du panorama. Elle exprimae sa frustration dans le post-scriptum d'une lettre adressée à William par son père :
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Malheureusement, il semble qu'Anne n'ait pas fait de croquis pendant le trajet de Niagara à Peterborough, sans doute parce qu'elle dû s'occuper d'Ellen. À Toronto, toutefois, Thomas et Anne explorèrent la ville et firent des visites; ils furent notamment reçus à dîner par le gouverneur, à l'hôtel du gouvernement. Le 4 août, les Langton quittèrent enfin Toronto et reprirent le chemin du lac Sturgeon. En arrivant à Peterborough, Anne tomba malade, ce qui les cloua sur place pendant une autre semaine. Pendant ce temps, elle fit quelques croquis. |
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Peterborough from White's Tavern, 1837 | ||
Quarante-deux ans après avoir posé un premier regard sur l'arrière-pays canadien à Peterborough, dont la population en 1837 comptait quelque 900 âmes, Anne en gardait toujours un vif souvenir..
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