Harry est témoin des dévastations toujours plus nombreuses que cause la guerre, et ses lettres à Sadie se font plus descriptives. Son sens du devoir est toujours aussi fort, mais Sadie commence à percevoir des signes d’épuisement.
« Tu as maintenant vécu quelques moments éprouvants et sans doute te rends-tu compte de ce que cela signifie, être un soldat, un vrai. Tu voulais tellement en être un et tu te retrouves maintenant dans le feu de l’action. T’en désoles-tu? Je sais que non. Inutile de poser la question... »
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La lassitude se répand rapidement alors que s’étire la guerre, plus longtemps que tous l’avaient prévu. Au Canada, les affiches posées pour encourager l’enrôlement et recueillir des fonds de guerre deviennent plus réalistes quant aux constants ravages sur les lignes de front.
Alors que son moral est au plus bas, Harry écrit une lettre différente de toutes les autres. Incapable de se retenir, il ose donner à Sadie de nombreux détails horrifiants. Avant d’envoyer sa lettre, il se relit et reconnaît que son compte rendu va parfois trop loin.
« Il ne se trouve plus, là où nous avions des tranchées, que des ruines indescriptibles. Les cratères d’obus ont laissé un paysage qui ne ressemble plus en rien à l’ancien. Les obus continuent de tomber, mais presque tout le sol a déjà été pilonné et soufflé. On n’aperçoit plus qu’une masse pulvérisée de boue de laquelle surgissent des morceaux de chair et d’os. Les dépouilles sont enterrées lorsqu’elles sont découvertes, mais il reste des morceaux d’êtres humains dispersés, des vêtements recouvrant des corps en décomposition, des bottes contenant encore des pieds, des pièces de carabines et de baïonnettes brisées, des casques fracassés par les tirs d’artillerie... Autant de restes de Britanniques et d’Allemands... »
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« J’ai fini d’écrire cette lettre hier soir, mais la suite était si dure que j’ai préféré la déchirer. »
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Dans les tranchées, sur les lignes de front, Harry sait qu’il n’est pas à l’abri du feu ennemi. Il décrit plusieurs catastrophes évitées de près, tout en tentant de calmer les réactions de Sadie.
« Un obus a éclaté juste au-dessus de ma tête et tout ce dont je me suis souvenu, plusieurs minutes plus tard, c’est la vague impression d’avoir été frappé sur la tête par une masse. Quelques-uns de mes hommes m’entouraient dans le fond de la tranchée. Un morceau d’obus a ricoché sur ma tête et m’a sonné. Je dois probablement la vie à mon casque d’acier. Un autre éclat s’est logé sur mon bras, brisant une montre en parfait état qui m’a épargné une blessure plus profonde qu’un avant-bras meurtri... »
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« Je suis si contente que tu n’aies pas été blessé plus gravement lorsque tu es tombé inconscient. Harry, si tu... J’essaie de chasser cela de mon esprit, mais comment faire autrement à la lecture d’un récit aussi terrible... »
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Son sens du devoir, son expérience dans les tranchées et son admiration pour les soldats qui survolaient les champs de bataille ont amené Harry à poser sa candidature pour un transfert vers le Royal Flying Corps. Son enthousiasme pour ce nouveau défi n’a pas suffi à convaincre Sadie de la sagesse de sa décision. Harry avait fait son choix, et elle le savait. Harry est accepté dans ce corps d’armée le 4 janvier 1917. Il doit commencer sa formation d’artilleur.
« Je me demande... si tu as été accepté pour ce cours d’aviation. Peut-être t’inquiètes-tu de savoir si je l’approuve, ta dernière décision, mais cela compterait-il si ce n’était pas le cas Harry? ... Je connais un garçon qui a participé à cette guerre comme aviateur. Il est maintenant mort et enterré quelque part là-bas. »
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« Je n’en sais pas plus sur le cours d’aviation depuis que les demandes sont parties, mais je suis à peu près certain qu’on acceptera la mienne, car ils ont besoin d’hommes... Ma chère, les avions sont bien dessinés et ils feront fureur. Nous nous envolerons bientôt Sadie... »
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« Nous sommes dimanche et c’est un jour très heureux : c’est le dernier dans cette horrible Somme... Je n’en sais toujours pas plus sur ma demande auprès du Royal Flying Corps... Je pense que c’est pour moi. Là, il faut se fier à son courage, faire preuve d’habileté et avoir de l’initiative. Il n’y a pas la responsabilité de cinquante ou soixante vies d’hommes à l’esprit. Et l’exaltation que procure le vol dans l’air pur, en plein soleil, loin de la boue et de la poussière des tranchées... »
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Harry rapporte plus tard à Sadie la réaction de son père à la nouvelle :
« Je ne dirai pas un mot sur les exploits aériens. Tu as acquis de l’expérience, alors utilise ton jugement. On dit que le Tout-Puissant veille sur les enfants et les fous. Tu n’appartiens à aucune de ces catégories. Tu as ta propre catégorie. Tu sais que je suis fataliste. Si Dieu a voulu que tu voles, je ne m’y opposerai pas. »
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« J’appartiens maintenant à la 1re Escadre, 10e Escadron, Vol G, du Royal Flying Corps de la Force expéditionnaire britannique, en France (quelque part). »
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La passion et le sens des responsabilités qui ont fait de Harry un excellent soldat au sol étaient tout aussi utiles dans les airs.
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Quand Harry « rencontre » Sadie
Harry entend l’appel au combat
Harry laisse le Canada (et Sadie) derrière lui
Sadie raconte la vie au Canada
Harry raconte la vie sur le front
La fin de la guerre de Harry
Harry et Sadie, d’une photo à l’autre [Page de
référence à l’intention des élèves]
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