Les relations de M. Simcoe avec Lord Dorchester, le gouverneur général, se détérioraient depuis quelques temps déjà et cette situation, aggravée par des problèmes de santé, le poussa à demander un congé pour retourner en Angleterre.
Le 14 juillet, une lettre parvint à York, informant M. Simcoe que la frégate « Pearl » arriverait à Québec au début du mois d'août pour le ramener, lui et sa famille, au bercail.
Pour son dernier jour à Castle Frank, le mercredi 20 juillet 1796, Elizabeth prit le temps de faire un dernier dessin de sa maison canadienne.
Elle passa la nuit dans la garnison, à York, ayant prévu de déjeuner avec deux amies avant d'embarquer à York. Mais son moral était « si bas que je n'ai pas pu déjeuner avec elles. Mme McGill m'a fait remettre quelque chose à manger, mais je n'ai rien pu manger; j'ai pleuré toute la journée. »
À trois heures, le 21 juillet, les Simcoe montèrent à bord du « Onondaga ».
« Ai pris congé de Mme McGill et Mlle Crookshank. J'étais de si mauvaise humeur, j'étais incapable de dîner avec elle. Elle m'a envoyé un repas mais je n'ai pu manger. Ai pleuré toute le journée. » - 21 juillet 1796 |
Après quelques brefs arrêts en route, le plus important à Montréal, ils arrivèrent à Québec le 5 août 1796, mettant les voiles pour l'Angleterre le 10 septembre. Dix jours plus tard, Terre-Neuve disparaissait de leur vue.
La grande aventure canadienne d'Elizabeth s'achevait.
Très heureuse de retrouver ses quatre enfants, elle s'adapta rapidement à la vie à Wolford. Entre 1798 et 1804, elle donna naissance à quatre autres enfants, deux fils et deux filles.
Elizabeth quittait rarement le domaine, pour se rendre exceptionnellement à Londres, souvent en compagnie de l'une de ses filles. Elle fit de Wolford le centre de la vie sociale du Devon; en fait, des invitations à des rencontres au domaine étaient très demandées, un invité ayant comparé, avec admiration, une visite à Wolford à une visite à la Cour.
Elle continuait à peindre, trouvant plusieurs sujets à sa portée.
Lorsque le colonel Simcoe fut nommé commandant en chef en Inde, Elizabeth avait prévu de le suivre. Mais le destin en décida autrement. Simcoe tomba malade au Portugal, où il s'était arrêté dans le cadre d'une mission pour le gouvernement britannique. Il fut renvoyé en Angleterre et décéda à Exeter, en septembre 1806. Elizabeth, qui se trouvait à Londres pour faire des achats en vue de son voyage en Inde, n'apprit la nouvelle de la maladie de son mari qu'à son retour à la maison. Elle partit en hâte le rejoindre, arrivant à son chevet un jour avant son décès.
Elizabeth mourut 44 ans plus tard, en janvier 1850.
Quelle image gardons-nous d'Elizabeth Simcoe? La plupart des colons la décrivent comme discrète et timide, peut-être en raison d'un léger défaut de prononciation.
Elizabeth a clairement aimé sa vie d'épouse du lieutenant-gouverneur et le statut social qui y était attaché. Dans une lettre aux siens restés en Angleterre, elle écrivit : « voir tout le monde s'efforcer de me plaire et n'avoir rien d'autre à faire que de suivre mes propres fantaisies est un mode de vie bien agréable… Je suis si heureuse! »
Aujourd'hui, à la lecture du journal d'Elizabeth, on est frappé par son enthousiasme et sa curiosité. Tout lui faisait plaisir : la traversée agitée de l'Atlantique, la vie sociale dans les colonies; les difficultés des voyages à travers la nature sauvage canadienne; l'occasion d'essayer de nouveaux aliments, comme l'écureuil noir bouilli, le café fait de petits pois et l'étrange écureuil rayé. Parfois, il semble que seuls les serpents à sonnette et les moustiques la dérangeaient. Chaque expérience était pour elle une nouvelle aventure et une occasion d'apprendre.