Au début mai 1793, le colonel Simcoe entreprit sa première brève visite de Toronto, faisant le tour du lac en bateau. Il rentra une quinzaine de jours plus tard :
« Le colonel Simcoe est rentré de Toronto et parle avec admiration du port et de ses alentours recouverts de grands chênes, où il a l'intention d'établir le centre d'une ville. » - 13 mai 1793 |
Puis, au début Août , Simcoe est retourné à Toronto accompagné d' Elizabeth et les enfants.
« Nous sommes montés à cheval sur la péninsule, en face de Toronto, que j'appelle un bout de terre, parce qu'il est rattaché au pays par un étroit passage. Nous avons traversé la baie de l'autre côté du camp, et avons continué le long du lac jusqu'au bout de la péninsule. En route, nous avons vu plusieurs clairières et étangs. Les arbres étaient pour la plupart des peupliers, recouverts de vignes sauvages. Il y avait aussi quelques sapins. Au sol, nous avons vu des pois vivaces rampant en abondance, d'une couleur violette. On me dit qu'ils sont bons à manger une fois bouillis. IL y avait aussi quelques jolies fleurs blanches qui ressemblent à du muguet. Nous avons poursuivi notre route au-delà de la péninsule, sur le sable, sur la rive nord du lac Ontario, jusqu'à ce que de gros arbres sur la plage nous bloquent le passage.... ...Nous avons ensuite marché un peu jusqu'au bateau de M. Grant (Lewis Grant, l'arpenteur). Le bateau n'était pas plus grand qu'un canoë, mais nous y avons embarqué, et après avoir pagayé un mille, nous avons aperçu, ce qui s'appelle sur une carte du gouvernement, les hauteurs de Toronto. Le rivage est plat et uni et ressemble à des falaises de craie, mais je crois qu'il s'agit seulement de sable blanc. On les voyait si bien, que nous avons envisagé de construire une résidence d'été à cet endroit et de l'appeler Scarborough. » - 4 août 1793 |
Le 23 août, une proclamation fut publiée, renommant officiellement la ville « York », en honneur au Duc de York, qui avait récemment sauvé la Hollande d'une invasion française. Le nom de Toronto sera restauré en 1834.
« C'était un véritable soulagement de vivre loin du bruit des pagaies... un homme pagaie généralement à une extrémité et une femme à l'autre, mais dans des eaux calmes, peu d'efforts sont nécessaires, et ils restent assis tranquillement comme poussés par l'air que déplace le canoë. Lorsque je les vois les manier avec tant de dextérité et de grâce, ça me donne envie de conduire un canoë moi-même. Un Européen a toujours l'air déplacé et gauche comparé aux Indiens, si habiles et tranquilles dans un canoë. » - 14 septembre 1793 |
Au début, la famille dormit dans une « maison de tissu », une des trois ou quatre tentes que M. Simcoe avait achetées à Londres, lors de la vente des effets du capitaine Cook, l'explorateur. Finalement, les Simcoe construisirent une maison, pas dans les hauteurs de Scarborough, mais à environ deux milles de l'embouchure de la rivière Don.
« Le gouverneur a décidé de prendre un lot de 200 acres sur la rivière Don pour Francis, et comme la loi oblige les personnes possédant des lots de terre à y construire une maison dans un délai d'un an, nous sommes allés là-bas aujourd'hui pour décider de l'endroit où l'on construirait la maison. » - 29 septembre 1793 |
Au printemps 1794, les travaux débutèrent pour la construction de Castle Frank, la résidence d'été des Simcoe. La résidence se tenait sur une colline raide, surplombant la vallée de la Don et portait le nom du fils de M. Simcoe, Francis, alors âgé de cinq ans, qui devait hériter de la résidence. La maison était encore en construction lorsqu'ils sont retournés en Angleterre en 1796. Castle Frank sera détruit par le feu en 1829.
« ...Nous avons marché sur la glace jusqu'à la maison qui se construit sur le lot de 200 acres de Francis. Portant le nom de Castle Frank, elle est construite sur le modèle d'un temple grec. » - 23 janvier 1796 |
Pendant que M. Simcoe dirigeait la disposition de la future ville de York, Elizabeth s'occupa en explorant la région et en visitant leurs voisins, comme John Scadding, l'ancien directeur de Wolford Estate, qui avait émigré au Canada, en 1792.
Il vivait juste au-dessus de la rivière Don, au carrefour de la rue Queen (qui deviendra plus tard l'emplacement de la prison de Toronto). Elizabeth peignit une aquarelle de la demeure de Scadding, en automne 1793. Peu de temps après, elle fut détruite par le feu.
« Je me suis promenée à cheval sur la péninsule. Mon cheval a suffisamment d'entrain pour vouloir arriver avant les autres. J'ai fait une course avec Mr. Talbot pour me réchauffer. J'ai ramassé des raisins sauvages. Ils étaient bons, mais pas sucrés. Mr. Smith est parti ouvrir une route, qui s'appellera Dundas Street, du lac à la rivière La Tranche. Il a pris 100 hommes avec lui. » 23 septembre 1793 |
« Nous avons parcouru six milles, par eau et par terre, et grimpé une colline très raide ou plutôt une série de pains de sucre; nous sommes parvenus à un endroit très élevé d'où nous avons pu regarder, plus bas, les sommets des arbres et des aigles près de là. » - 29 septembre 1793 |
« Je suis de très bonne humeur aujourd'hui, car le gouverneur parle de se rendre à Détroit en mars et d'y passer un mois de plaisance, mais la meilleure partie sera le voyage. Nous irons à cheval jusqu'à la rivière Grand, puis nous nous rendrons à La Tranche, où des canoës seront construits, pour nous conduire jusqu'à Detroit en quelques jours. Au retour nous passerons par le lac Erie …. » - 31 janvier 1794 |
« Le temps est humide, doux et sale. Quant arrivera la fin mars? J'ai assez hâte de partir pour Détroit. » - 9 février 1794 |
En fin de compte, M. Simcoe se rendra à Détroit sans Elizabeth. Elle demeura à York où, vers la mi-avril, en l'absence de M. Simcoe et de leur médecin de famille, Katherine, leur plus jeune fille, décéda.
En mai 1794, Elizabeth retourna à Niagara, le gouverneur Simcoe s'étant réinstallé à Navy Hall.