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Les entrepreneurs du vin, une mosaïque multiculturelle bannière

L’industrie vinicole commerciale fut dès le départ une industrie multiculturelle. En effet, les immigrants jouèrent un rôle essentiel dans l’industrie vinicole pour plusieurs raisons. Certains groupes, comme les Français et les Italiens, étaient issus de cultures où la viticulture et la consommation de vin étaient présentes. Ils profitèrent de la croissance du marché international du vin pendant la seconde moitié du 19e siècle pour investir temps, énergie et capitaux dans le développement de cette industrie en Ontario. Des immigrants français commencèrent à produire du vin dans la région de Windsor. D’autres Européens, et notamment des Britanniques, s’essayèrent à la production de vin dans la région de Niagara. La croissance rapide de l’industrie au cours des années 1920 vit les Italiens prendre une place importante dans le développement de l’industrie, tandis que les viticulteurs et les vendeurs de vins français se firent peu à peu plus rares. Faisons connaissance avec quelques entrepreneurs du vin.



Image de quatre bouteilles de vin portant la mention « Vin Villa »]
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Justin McCarthy De Courtenay (Photo : Guide sur la culture du raisin à vin)

Couverture d’un livre sur la culture du raisin à vin
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Justin McCarthy De Courtenay
Joshua S. Hamilton et Vin Villa Winery (Photo : Bouteille du vin St. Augustine, années 1890, Pelee Island Heritage Centre)

Photo en noir et blanc de quatre personnes se tenant devant un édifice, la devanture se lisant Girardot Wine Co.
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Théodule Girardot et Jules Robinet (Photo : Girardot Wine Company Celars, Southwestern Ontario Digital Archive)
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L’amateur de vin

Justin McCarthy De Courtenay et l’Association des viticulteurs du Canada

Justin McCarthy De Courtenay serait le premier à avoir fait du raisin une culture commerciale et le premier à avoir milité pour la fabrication de vin à des fins de vente au grand public en Ontario. Avant son arrivée au Canada en 1858, il avait travaillé comme vigneron en France, en Suisse et en Italie. Ses efforts pour établir une culture ontarienne du raisin dans son vignoble, Clair House, à Cooksville, furent infructueux pendant les premières années. Il fut en mesure de cultiver et de récolter d’importantes quantités de raisin, mais il eut de la difficulté à obtenir du financement tant auprès d’investisseurs que du gouvernement de l’Ontario. En dépit d’une correspondance avec le premier ministre John A. Macdonald, il ne parvint pas à obtenir l’aide du gouvernement. Pour tenter de récolter des fonds afin de développer l’industrie vinicole canadienne, De Courtenay, accompagné de fruiticulteurs renommés de l’Ontario, fonda l’Association des viticulteurs du Canada en 1864. Fort de cette nouvelle association ainsi que du seul vin nord-américain primé à l’Exposition universelle de 1867 à Paris, De Courtenay était en bonne position pour devenir chef de file d’une industrie en croissance rapide au Canada.

Néanmoins, à la fin de l’année 1867, une nouvelle loi proposée par le gouvernement fédéral vint ruiner son avenir vinicole. La Loi concernant le Revenu de l’intérieur comportait une disposition autorisant le gouvernement à faire payer des frais sur les agents de distillation utilisés dans la fermentation des boissons alcoolisées. Cette courte disposition sonna le glas de la croissance de l’industrie vinicole en Ontario. Les raisins canadiens n’avaient pas le sucre naturel de leurs équivalents européens, si bien que du sucre était ajouté pendant le processus de distillation. De Courtenay et ses collègues de l’association des viticulteurs du Canada parvinrent à retarder de deux ans la mise en œuvre de cette loi, mais il était clair à ses yeux que le vin canadien n’avait pas un avenir florissant. En 1869, De Courtenay retourna en Angleterre, où il acquit une parcelle de sept acres dans le Dorset pour y cultiver de la vigne.

  

Une alliance fructueuse

D.J. Williams, Thomas S. Williams, Thaddeus Smith, Joshua S. Hamilton et la Pelee Island Wine Company, aussi appelée Vin Villa Winery

Au moment où Justin McCarthy de Courtenay démarrait son entreprise viticole à Cooksville, quatre hommes d’affaires s’affairaient à fonder leur propre vignoble sur l’île Pelée du lac Érié. L’aventure commença lorsque D.J. Williams, un vigneron américain prospère, fuit le Kentucky pour s’installer à Windsor à la fin des années 1850, alors que les États‑Unis étaient au bord de la guerre civile. Pendant son séjour à Windsor, M. Williams entendit parler de plusieurs établissements vinicoles américains florissants sur l’île Kelleys et les îles Bass du lac Érié, du côté américain de la frontière, en Ohio. Compte tenu de leur climat tempéré et du service de traversier les desservant (pour faciliter le tourisme), les îles du lac Érié offraient les ingrédients parfaits d’un établissement vinicole lucratif. Une grande île se trouvait également du côté canadien de la frontière : l’île Pelée.

Ayant cet emplacement en tête, D.J. Williams discuta avec son frère, Thomas S. Williams, et son bon ami Thaddeus Smith, et les convainquit d’ouvrir un établissement vinicole avec lui sur l’île Pelée. En 1865, les trois hommes achetèrent 40 acres de terres à la pointe nord de l’île, et en 1866, ils y plantèrent des raisins catawba sur une superficie de 25 acres. Après des vendanges fructueuses, les trois hommes ouvrirent officiellement l’établissement vinicole Vin Villa Winery, en 1871.



Bien qu’en mesure de produire une récolte importante, ils eurent du mal à trouver un marché pour leurs vins. Les trois hommes d’affaires s’adressèrent donc à Joshua S. Hamilton, un épicier canadien prospère qui possédait des magasins un peu partout dans le Sud de l’Ontario. Les quatre hommes s’entendirent pour fusionner l’établissement vinicole et la société d’Hamilton afin d’élargir leur marché.

Photo sépia de Joshua S. Hamilton
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Joshua S. Hamilton, vers 1870, Brantford (Ontario), Brant Historical Society

Grâce à la distribution plus large assurée par M. Hamilton, les vins Vin Villa circulèrent partout au Canada et aux États-Unis et furent très bien accueillis. Vin Villa exposa une grande partie de ses vins lors de l’exposition industrielle de Toronto de 1882 et remporta trois prix et une médaille de bronze pour les vins produits au Canada. Plusieurs vins faisaient la renommée de Vin Villa, mais les deux plus populaires étaient le champagne appelé L’Empereur et le vin de communion St. Augustine, utilisé dans les églises partout au Canada. Cependant, l’histoire du vin de la Pelee Island Wine Company allait bientôt tourner au vinaigre. Au début de la Première Guerre mondiale, on fit la promotion de l’abstinence, laquelle était considérée comme un devoir patriotique. La baisse des ventes de vin qui s’ensuivit ne fut qu’aggravée par l’adoption de l’Ontario Temperance Act, qui vint interdire la vente d’alcool dans la province. Finalement, Vin Villa ferma ses portes en 1916, et les activités viticoles disparurent complètement de l’île Pelée, pour ne revenir que des années plus tard, en 1979.

 

Photo d’une étiquette de vin
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Étiquette du Château Pelee, vers 1885,
Pelee Island Heritage Centre

Photo de l’étiquette d’une bouteille Pelee Island Wine
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Bouteille du vin St. Augustine, années 1890,
Pelee Island Heritage Centre

Publicité en noir et blanc présentant trois bouteilles de champagne
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Publicité du champagne L’Empereur, 1898, Brantford (Ontario), Brantford Expositor, 17-08-1898

Les hauts et les bas d’entrepreneurs français du vin

Théodule Girardot et Jules Robinet (vins du comté d’Essex)

Sandwich, en Ontario, accueillirent certains des colons de la fabrication de vin les plus affairés de l’histoire du Canada. Dans les années 1870, plusieurs familles du nord-est de la France immigrèrent dans le comté d’Essex, dans le Sud de l’Ontario. Les raisons de cette émigration sont nombreuses, notamment la défaite militaire de la France lors de la guerre franco-prussienne et l’occupation subséquente des régions frontalières par des troupes hostiles.



Pour Théodule Girardot et Pierre Antoine Robinet, viticulteurs provenant d’un hameau appelé Rougemont à la frontière suisse-allemande, l’émigration était la seule réponse à la pauvreté engendrée par les troupes alliées et ennemies, lesquelles s’étaient emparées de leur bétail, de leur vin et de leurs récoltes de blé. En 1874, Pierre Robinet vendit sa ferme et déménagea, avec sa femme et quatre de ses sept enfants, à Sandwich, en Ontario. Pour la famille Robinet, la fabrication de vin au Canada se déroula lentement; cependant, Théodule Girardot, quant à lui, possédait un vignoble prospère et consolidait les fondations d’une entreprise de fabrication de vin. Pierre Robinet forma donc un partenariat avec le fils de Théodule, Ernest (qui deviendra plus tard maire de Sandwich), ce qui marqua le début de l’un des établissements vinicoles les plus prospères du Sud de l’Ontario : la Compagnie Robinet et Girardot.

Photo en noir et blanc de Théodule Girardot
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Théodule Girardot, Southwestern Ontario Digital Archive
Southwestern Ontario Digital Archives
Trois photos en noir et blanc montrant chacune un bâtiment de la Girardot Wine Company]
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The Girardot Wine Co, Bâtiments à Sandwich, Archives numériques du Sud-Ouest de l'Ontario
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En 1882, Jules Robinet prit les rênes de l’industrie viticole du comté d’Essex en achetant les actions de son père et d’Ernest Girardot, pour devenir le principal viticulteur de Sandwich. En 1883, Jules Robinet rompit son partenariat avec les vins de la famille Girardot et créa sa propre société, Jules Robinet et Compagnie, qu’il géra seul avec l’apport de partenaires financiers inactifs. Toutefois, juste au moment où Jules Robinet prenait sa place à la tête du marché du vin de Sandwich, une catastrophe survint. En 1891, un gel printanier fit perdre à M. Robinet les trois quarts de sa récolte et, en 1893, un ralentissement économique fit chuter les prix du vin sur le marché international et national. Malgré ces événements, l’homme d’affaires avisé qu’était Jules Robinet put rester à flot pendant les périodes difficiles, notamment grâce à d’importants investissements, dont la possession d’une entreprise lucrative de briquetage.

 



M. Robinet, qui n’avait aucune concurrence dans le secteur du vin, entra cependant en conflit avec le gouvernement provincial de l’Ontario, en particulier avec les responsables des permis d’alcool. En 1893, M. Robinet fut accusé d’avoir enfreint deux articles de la Loi sur les permis d’alcool : la première infraction concernait la vente de plus de deux bouteilles de vin par personne, et la seconde concernait la consommation de vin sur la ferme de M. Robinet, située à côté de l’établissement vinicole. Même si ces infractions ne se traduisaient que par une petite amende, elles sont emblématiques des restrictions et des contraintes imposées à l’industrie vinicole de l’époque. Ces conflits relatifs aux permis ne firent que motiver M. Robinet à créer un regroupement de vignerons et de viticulteurs dans la ville de Sandwich pour former l’Essex County Grape Growers Association, en 1893.

Photo en noir et blanc d’une maison unifamiliale, la famille se tenant dans l’entrée de porte
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Maison de Jules Robinet,
118, rue St. Antoine,
Sandwich,
Southwestern Ontario Digital Archives

En 1897, M. Robinet agrandit son entreprise de fabrication de vin en y intégrant ses frères et exporta plus de 350 tonnes de raisin et de vin partout au Canada. En 1914, M. Robinet élargit son conseil d’administration en intégrant à l’entreprise ses deux fils, Clovis et Joseph. L’entreprise viticole de M. Robinet semblait indestructible; cependant, avec le début de la Première Guerre mondiale et l’entrée en vigueur de l’Ontario Temperance Act de 1916, l’avenir vinicole de M. Robinet était précaire.

Contrairement à l’histoire des vins Pelee Island, l’époque de la prohibition n’a pas marqué la fin du vin de la famille Robinet. Même si l’Ontario Temperance Act entra en vigueur en 1916 et fut réédictée en 1919, elle comportait plusieurs lacunes qui ont permis à l’entreprise de M. Robinet de survivre. Plus précisément, l’article 44 de la Loi autorisait la vente de vins fabriqués à partir de raisins cultivés en Ontario par des fabricants qui avaient préalablement obtenu le permis approprié. M. Robinet pouvait donc encore produire du vin alors que le marché était complètement gelé, les nouveaux concurrents ne pouvant demander de nouveaux permis. En fait, la prohibition lui fit profitable, et ses ventes de vin prospérèrent jusqu’à l’entrée en vigueur de la Loi sur les alcools de l’Ontario, en 1927. Cette loi imposa encore plus de restrictions à M. Robinet, le contraignant à vendre ses produits seulement aux magasins d’alcool approuvés par le gouvernement. Probablement fatigué de l’ingérence gouvernementale, mais après avoir eu une influence durable sur le monde du vin canadien, Jules Robinet vendit les actions de son entreprise à son partenaire, Fred Marsh. Il mit ainsi fin à la carrière vinicole la plus réussie dans la province et devint une légende canadienne dans le domaine.

 

 

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