Le passé n’est simple ni à découvrir ni à comprendre. La plupart des gens (tout comme vous) n’ont pas créé de documents nous racontant leur expérience, et, même s’ils l’ont fait, peu de ces documents ont survécu au passage du temps.
Pour compliquer encore les choses, comme nous l’avons vu, les historiens ne s’intéressent pas seulement à ce que nos ancêtres ont ressenti et compris dans leur vie, mais ils se penchent aussi sur des questions plus vastes et plus générales, comme : « quel rôle les différences religieuses ont-elle joué dans la formation des communautés ? ». Il est tout simplement impossible de répondre à de telles questions au niveau des observations ou des points de vue individuels.
Si la plupart des historiens s’accordent à dire qu’il est impossible de répondre de façon absolue à une interrogation telle que : « Que s’est-il produit dans le passé ? », il est possible d’exploiter un grand nombre de sources (écrites), ainsi que les recherches et les ouvrages déjà faits (contexte), pour améliorer notre compréhension des peuples, des événements et des relations du passé que nous connaissons déjà.
La présente section expose certaines façons concrètes d’évaluer la qualité, la portée et la signification d’un quelconque document historique dans le processus de « reconstituer l’histoire ».
Comment mesurer la qualité d’un document historique ? Sa qualité dépend de trois choses : son authenticité, sa portée et sa pertinence eu égard au programme de recherche. Les questions ci-dessous peuvent vous aider à évaluer ces éléments :
Tout document historique nous donne un aperçu du passé nous apportant un certain type d’information. Avant de pouvoir comprendre exactement ce qu’un tel aperçu nous montre, il nous faut savoir où, quand, pourquoi et par qui le document a été créé. Un contexte est nécessaire pour comprendre les conditions d’existence de la source avant de chercher à en comprendre sa signification. Une lettre personnelle de 1881 et un recensement de la même date peuvent par exemple contenir à eux deux de l’information très utile pour un chercheur.
La lettre peut donner une excellente idée du vécu d’une personne et de la perception qu’elle avait de son époque, tandis que le recensement donne une vue d’ensemble de certains types (limités) de comportements. Le type d’information contenu dans ces deux documents est toutefois très différent; ainsi, l’utilisation du recensement pour analyser le vécu émotionnel d’une personne dans son lieu d’établissement a peu de chance d’être couronnée de succès.
Dans la mesure où nous connaissons et comprenons a) le contexte dans lequel un document a été créé, b) les raisons pour lesquelles il a été créé et c) les questions de notre propre recherche, il nous est possible de comprendre et d’évaluer le type d’information que ce document nous fournit sur le passé.
L’étude des preuves contenues dans le document peut être approfondie de la façon ci-après :
Le document constitue une bonne source d’information sur certains aspects du passé.
Même si un document est authentique, complet et bien remis en contexte, il se peut qu’il soit inutile dans le cadre d’une recherche historique. En effet, la pertinence de tout document historique dépend ultimement du caractère avisé et approprié de l’utilisation qu’en fait l’historien.
La connaissance qu’ont de leur domaine les chercheurs les aide à formuler des interrogations sur le passé qui soient pertinentes eu égard au débat et aux sujets dont il est question. Leur aptitude à réfléchir de manière rationnelle, logique et créative leur permet de déterminer si une source donnée est susceptible de répondre ou non à des questions fréquentes ou nouvelles sur le passé.
Les lignes ci-dessous présentent quelques manières d’évaluer la pertinence historique d’un document :