De nombreuses années
plus tard, en 1935, John Mould et sa femme Edith assistaient à
l’Exposition nationale canadienne.
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En passant devant le stand consacré
au « pèlerinage de Vimy », John reconnut l’un
de ses vieux amis, le Capitaine Fairweather du 19e bataillon.
Celui-ci prenait les réservations en vue d’un éventuel
voyage de retour sur les anciens champs de bataille de France
et de Belgique. Le point culminant du voyage serait le dévoilement
du monument dédié aux anciens combattants à
la crête de Vimy.
John décida sur-le-champ qu’il ferait le voyage
en compagnie de sa femme et de son enfant. Il versa sur place
les 10 dollars de dépôt pour chaque membre de sa
famille. Comme il l’explique dans le dernier volume de son
journal, les 11 mois durant lesquels il leur fallut attendre pour
traverser l’océan et se rendre en Europe « s’étiraient
si lentement que nous pensions ne jamais voir arriver le 15 juillet
1936 ». |
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Allée centrale de l’Exposition nationale
canadienne, [vers 1930]
Ministère de l'Éducation
Photographie noir et blanc
Code de référence : RG 2-71 COT-102
Archives publiques de l'Ontario, I0004196 |
Finalement, le grand
jour arriva. John et 11 000 autres pèlerins s’embarquèrent
pour leur destination. |
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Ils arrivèrent au Havre le
24 juillet et montèrent tous à bord de plus d’une
centaine d’autobus, lesquels les conduiraient à Lille,
leur destination finale, en passant par certains sites de bataille,
entre autres Amiens, Arras et Douai. Le jour suivant, le voyage
se poursuivit et ils franchirent la frontière belge.
Les pèlerins se promenèrent toute la journée
en autobus, visitant des cimetières et des monuments dédiés
à ceux qui étaient tombés au champ d’honneur.
Ils furent ensuite conduits à Arras, où ils passèrent
la nuit, après avoir fait plus de 15 heures d’autobus.
Toutefois, c’est le lendemain qu’aurait lieu le moment
le plus important de leur voyage : le dévoilement du Monument
commémoratif à Vimy.
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«
Nous sommes alors arrivés à la colline de
Kemmel, endroit intéressant qui pouvait être
vu distinctement de loin. Ensuite, nous avons fait un arrêt
à Wytschaete et à Ypres. Tout le monde se
demandait à quoi ressemblerait cette ville inoubliable
après 20 ans de paix. Nous avons pu constater avec
surprise que la Halle aux draps dans sa quasi-totalité
était encore en ruine. La tour avait été
reconstruite et un morceau de façade avait été
réparée, mais le monument dans son ensemble
était tel qu’après la guerre. »
Journal de John Mould
Extrait du vol. 9, pp. 36-37, 1936
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario |
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Le 28 juillet 1936, les 100 autobus repartirent avec les pèlerins
en direction de la crête de Vimy. En chemin, ils rencontrèrent
des centaines de familles françaises qui se rendaient elles
aussi sur les lieux du Monument. En arrivant, ils prirent le dîner.
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« Après
cette petite pause réconfortante, nous nous sommes
approchés pour voir de plus près le monument
qui se trouvait à trois ou quatre cents mètres
de l’endroit où nous étions assis. C’est
pendant cette marche que des scènes de guerre de
jadis me sont revenues très fortement en mémoire.
Il y avait des cratères énormes, des trous
d’obus et des fils barbelés, tout était
resté tel qu’en ces jours d’avril, dix-neuf
ans auparavant. Il avait plu beaucoup au cours du mois précédent
notre venue en France et nous marchions sur un sol assez
glissant. C’est d’ailleurs sur cette même
vieille glaise que nous nous trouvions lorsque nous étions
dans les tranchées. Les femmes finirent par se fatiguer
à marcher ainsi dans les trous d’obus et à
enjamber des barbelés. J’ai entendu une femme
qui disait : "Pas étonnant que ça s’appelle
un no man’s land, je comprends pourquoi, maintenant."
Je me demande ce qu’elle aurait dit de cet endroit
vingt ans plus tôt alors que nous devions avancer
péniblement dans des champs de boue et nous déplacer
à genoux dans cette gadoue collante. Cela nous rappelait
néanmoins un peu de ce que nous avions dû endurer
alors. »
« Au grand plaisir des très nombreux spectateurs français, ainsi qu’à celui des nombreux Canadiens français qui se trouvaient parmi les pèlerins, le roi a prononcé un bref discours en français. Durant quelques secondes, le roi, tête nue, les cheveux blonds balayés par une légère brise, contempla d’un regard grave et empreint de tristesse les blessés et les aveugles, ainsi que ses vieux camarades de combat dont certains avaient fait avec lui le front de Vimy, là où il avait connu sa première épreuve d’homme adulte. »
Journal de John Mould
Extrait du vol. 9, pp. 45-48 et
66-67, 1936
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario
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Peu de temps après, le roi Édouard VIII arriva sur
les lieux du Monument commémoratif et se joignit à
la foule qui attendait son discours. Il serra la main de nombreux
vétérans, discuta avec eux et s’attarda tout
spécialement à parler avec Mme Woods, fervente citoyenne
de Winnipeg de 75 ans, qui avait envoyé 12 fils à
la guerre et n’en avait vu revenir que cinq. Le roi rencontra
ensuite le président français Lebrun et tous deux
se dirigèrent vers l’estrade qui abritait la silhouette
voilée du Canada sur le Monument. |
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Le
soldat Mould nous rapporte les paroles du roi à propos du
Monument : |
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« C’est
un salut de la nation canadienne à ses fils tombés
au front, une expression inspirante gravée dans la
pierre, sculptée par la main habile d’un Canadien.
Il marque les lieux des faits d’armes, dont l’Histoire
se souviendra longtemps et que le Canada ne pourra jamais
oublier. L’espace que ce monument occupe est un cadeau
de la France au Canada. Dans le monde entier, il y a des
champs de bataille dont les noms restent à jamais
gravés dans les pages de l’histoire mouvementée
de l’humanité. L’une des consolations
que le temps nous procure, ce sont les actes de bravoure
qui sont accomplis sur ces champs de bataille et qui, dans
nos mémoires, survivront longtemps aux querelles
qui mènent les nations adverses au conflit. »
Journal de John Mould
Extrait du vol. 9, pp. 62-63, 1936
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario |
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un agrandissement (65ko)
Statue du mémorial de Vimy
A. Vigneau
Carte postale
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario, I0024380
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un agrandissement (148ko)
Statue du mémorial de Vimy
Fox Photos Ltd.
Carte postale
Fonds John F. Mould
Code de référence :
Archives publiques de l'Ontario, I0024383 |
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un agrandissement (139ko)
Noms gravés sur le monument de la crête de Vimy
Fox Photos Ltd.
Carte postale
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario, I0024384 |
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Le discours du roi fut
suivi par deux minutes de silence, à la suite de quoi le
président français prononça son discours.
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un agrandissement (249ko)
Statue de la femme en pleurs sur le mémorial de Vimy
A. Vigneau
Carte postale
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario, I0024382 |
Peu de temps après,
les pèlerins remontèrent à bord des autobus.
Les participants étaient pour la plupart submergés
d’une émotion intense. Ils étaient fatigués,
mais heureux d’avoir vu ce splendide monument dédié
aux 60 000 Canadiens morts pendant la Première Guerre mondiale.
Les pèlerins, satisfaits, retournèrent à
Arras où ils étaient logés. Comme le dit
John pour conclure à la toute fin de son journal :
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« Ce
jour a été le plus mémorable de toute
notre existence, et nous ne l’oublierons jamais. Nous
avions fait notre pèlerinage et vu notre roi. »
Journal de John Mould
Extrait du vol. 9, pp. 69-70,
1936
Fonds John F. Mould
Code de référence : F 954
Archives publiques de l'Ontario |
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L'honorable James C. McRuer (F 1329), un avocat, juge et écrivain ontarien, s'est lui aussi joint au pèlerinage à la crête de Vimy en 1936. Un membre de sa famille à filmé le dévoilement du monument au moyen d’une caméra 8 mm. Cliquez sur un des liens à droite pour votre un extrait de ce film. |
Voyage en Europe, 1936
Film muet, 8 mm
Fonds J. R. McRuer
Code de référence : F 1329-7
Archives publiques de l'Ontario |
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