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La vie des Canadiens de race noire en Ontario entre 1834 et 1914 : Communauté d’intérêts - bannière

Table des matières


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Hamilton, le 15 octobre 1843

Monsieur,

Nous, les gens de couleur de la ville de Hamilton avons le droit d’informer Votre Excellence du traitement que nous sommes contraints de subir. Nous avons payé nos impôts et on nous refuse l’accès à l’école publique. Nous avons déposé plainte auprès de la Commission de la police et aucune mesure n’a été prise pour changer ce type de traitement. Ce genre de traitement n’existe pas aux États-Unis, car les enfants de couleur y vont à l’école publique avec les enfants blancs, plus particulièrement à Philadelphie. Je croyais qu’un homme ne devait pas être jugé selon la couleur de sa peau dans les contrées où flotte le drapeau britannique; ainsi avons-nous quitté les États-Unis dans l’espoir que les préjugés n’existaient pas en cette terre. Je suis venu, Dieu me vienne en aide, afin de vivre selon les règles de votre Gouvernement et dans le but de demeurer fidèle à ce même Gouvernement. Je suis désolé de vous gêner avec cette question, mais nous sommes fort attristés et on nous impose beaucoup de choses, et s’il plaisait à Votre Excellence de bien vouloir répondre à ce grief. J’ai laissé des biens derrière moi aux États-Unis et j’ai apporté des biens au Canada; tout ce que je demande est que justice soit faite et alors je serai satisfait. On nous traite de « sales nègres » lorsque nous nous aventurons dans la rue et parfois on nous lance des pavés lorsque nous marchons dans cette même rue. Nous ne sommes pas tous des fugitifs. Nous avons emporté de l’argent pour nous établir dans cette Province et nous espérons ne jamais devoir la quitter, car nous désirons jouir de nos droits dans cette même Province. Je prie que Dieu sourie sur votre vie publique et vous guide dans les voies de la vérité; Que Dieu bénisse la Reine et la Famille royale.

Les habitants de couleur de Hamilton

Pétition des « Gens de couleur d'Hamilton » au Gouverneur-Général contre la la ségrégation des écoles pour les enfants de race noire
Correspondance générale reçue par le ministère de l’Éducation,
Correspondance de 1843
Code de référence : RG 2-12
Archives publiques de l'Ontario


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Kingston, le 19 octobre 1843

Monsieur,

Une pétition provenant des habitants de couleur de Hamilton adressée à Votre Excellence le Gouverneur Général, dans laquelle ils affirment payer les impôts et les cotisations, alors que l’on refuse d’admettre leurs enfants à l’école publique et prient que leurs enfants soient admis dans ces écoles, m’a été remise et j’ai été instruit de préparer un rapport à l’intention du Gouverneur Général.

Le motif de ma missive est d’obtenir des renseignements concernant les points suivants, à savoir : Primo, le nombre estimé d’enfants de couleur à Hamilton âgés de cinq à seize ans. Secundo, le sentiment qui règne eu égard à l’admission de ces enfants par les écoles publiques. Tertio, la ou les confessions religieuses de ces personnes. Quarto, les mesures que la Commission de la Police a adoptées ou recommanderait d’adopter afin de permettre à ces enfants de profiter d’un enseignement scolaire. Quinto, la Commission de la Police a-t-elle perçu les impôts scolaires ?

J’ai l’honneur, Monsieur,
de demeurer votre plus dévoué serviteur.
Robert Murray

George S. Tiffany
Président, Commission de la Police de Hamilton

Lettre du rév. R. Murray à George S. Tiffany, 19 octobre 1843
Correspondance générale reçue par le ministère de l’Éducation,
Correspondance de 1843
Code de référence : RG 2-12
Archives publiques de l'Ontario


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Hamilton, le 9 novembre 1843

Monsieur,

J’ai le privilège de tenir entre les mains votre lettre en date du 19e jour du mois dernier concernant la pétition des habitants de couleur de la ville relativement à leur exclusion des avantages offerts par les écoles publiques établies. Je vous prie de bien vouloir pardonner le temps que j’ai mis avant de répondre à votre lettre tout en vous informant que la maladie et des périodes d’absence m’ont empêché de procéder à l’enquête requise pour répondre aux plusieurs questions que vous m’avez soumises. J’ai récemment concentré mon attention sur le quartier en question pour obtenir des renseignements et j’ai l’honneur de vous communiquer les résultats de mes enquêtes.

Primo. Il semblerait y avoir environ vingt enfants de couleurs âgés de cinq à seize ans. Secundo. Je regrette de devoir vous informer de l’existence de profonds préjugés parmi les plus basses strates des Blancs contre les gens de couleur. Plusieurs enseignants, ainsi que d’autres personnes qui sont bien au courant de l’étendue de ces préjugés, craignent que si les enfants de couleur étaient admis aux écoles, les parents de la majeure partie des enfants blancs retireraient ces derniers de l’école. Tertio. Les habitants de couleur sont en majorité de foi méthodiste et baptiste. Quarto. Les membres de la Commission de la Police sont de l’avis unanime que, nonobstant les sentiments qui règnent actuellement à l’égard de l’admission d’enfants de couleur dans les mêmes écoles que les enfants de race blanche, il ne serait pas indiqué d’y céder, mais plutôt d’appliquer la loi sans égard à la couleur de la peau. Selon eux, si l’on adopte une position ferme dès le début, les préjugés ne tarderont pas à s’estomper.

J’ai l’honneur, Monsieur,
de demeurer votre plus dévoué serviteur.
George S. Tiffany
Président de la Commission de la Police

Le Révérend Robert Murray,
Kingston

Lettre de George S. Tiffany au .rév. R. Murray, 9 novembre 1843
Correspondance générale reçue par le ministère de l’Éducation,
Correspondance de 1843
Code de référence : RG 2-12
Archives publiques de l'Ontario


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