Le fonds d'archives du Fonds de souvenirs de guerre canadiens (C 334) préservé par les Archives publiques de l’Ontario comprend une série incomplète de reproductions (un exemplaire de chacune des reproductions limitées imprimées) qui ont été présentées à l’exposition Canadian War Memorials Exhibition le 4 janvier 1919 à Burlington House à Piccadilly, à Londres.
Ces reproductions ont été créées dans le cadre d’une campagne de financement au profit du FSGC, et une édition limitée de cent épreuves a été mise en vente, soit directement pour les visiteurs de l’exposition, soit par le biais du BCAG.
L'affiche à droite, War in the Air par C.R.W. Nevinson’s, représente un combat aerien auquel a pris part un des héros les plus célèbres de l'aviation canadienne, Billy Bishop. L'original se trouve maintenant au Musée canadien de la guerre.
Un catalogue de souvenirs a été produit, dans lequel figuraient les œuvres mises en vente. Les œuvres d’art en question étaient des gravures des lieutenants Cyril H. Barraud, Gerard De Witt et Gyrth Russell ainsi que de l’artiste Caroline H. Armington.
Le lieutenant De Witt (6e régiment de la batterie de siège canadienne) était l’un des artistes de guerre officiels attachés au Bureau canadien des archives de guerre, tout comme les lieutenants Barraud et Russell. L’artiste Caroline Armington, née à Brampton, en Ontario, demeurait quant à elle à Paris depuis 1900 ; elle est restée en France jusqu’à sa mort, en 1939.
Meteren |
Mine Crater on the Road to Mons |
En plus de ces gravures, certains grands tableaux présentés à l’exposition avaient été reproduits sur papier, et 300 épreuves signées par les artistes de chaque tableau étaient en vente. Neuf de ces images sont également incluses à cette exposition virtuelle.
Cette exposition comprend aussi les œuvres d’artistes canadiens tels que Dorothy Stevens, C.W. Jefferys, etc.
Ces images n’étaient pas incluses dans la trousse commémorative de 1919, mais ont très probablement été créées pour la collection du CWMF.
L’exposition de Burlington House a remporté un franc succès en tous points. Le centre d’attraction de l’exposition a été le dessin au fusain de 10 x 40 pieds d’Augustus John intitulé Canadians Near Lens. Pour les observateurs, ce dessin gigantesque représentait tout ce qu’on peut imaginer de la guerre. En plus des toiles, des aquarelles et des sculptures, cette exposition comprenait des gravures, des lithographies et des gravures à sec.
La publicité préliminaire assurée par les journaux, dont ceux de Lord Beaverbrook, a permis à l’exposition de connaître un succès tant financier que critique.
Les soldats de retour au pays montraient avec enthousiasme les endroits où ils avaient été postés à leurs parents et amis, et comme la censure était souple en 1919, le public pouvait également voir, par l’intermédiaire des images présentées, des scènes de la guerre qu’on leur avait longtemps refusées.
The Ramparts, Ypres L’histoire récente du Canada accorde beaucoup d’importance aux remparts d’Ypres, et la superbe gravure de M. Barraud reproduit l’entrée d’une des salles des remparts qui sert de poste de commandement des brigades. Ce croquis a été réalisé en juillet 1916. |
Il est à remarquer que les artistes britanniques dont les œuvres faisaient partie de l’exposition de Burlington House étaient beaucoup plus nombreux que les artistes canadiens. Mais il ne fait aucun doute que les œuvres des artistes canadiens telles que les 35 peintures à l’huile de M. Jackson et les grandes toiles de M. Varley ont reçu un accueil chaleureux et ont aidé ces artistes à acquérir une certaine réputation en Grande-Bretagne et au Canada en raison de leurs efforts.
L’exposition composée des œuvres d’art représentant seulement l’action en première ligne a été déménagée aux galeries Anderson de New York, où elle a une fois de plus connu un grand succès, visitée par des foules désireuses de voir les fameux dessins, peintures et sculptures et ce, même si aucune image ne reflétait la participation des États-Unis à la guerre.
De New York, l’exposition est passée à Toronto, et c’est en août 1919 qu’elle a été installée dans une galerie des beaux-arts agrandie de l’Exposition nationale canadienne (CNE). C’était la première fois que le public canadien pouvait admirer les œuvres dont on avait tant parlé et les juger par lui-même.
L’exposition de Toronto à connu un succès spectaculaire… plus de 100 000 personnes ont payé un billet d’entrée à la CNE pour y assister.
L’exposition a ensuite été déménagée à Montréal, pour ensuite plonger dans une certaine obscurité, languissant dans divers caveaux d’entreposage avant d’arriver enfin au Musée canadien de la guerre d’Ottawa. Une autre exposition mettant en vedette les œuvres de 43 artistes et axée sur les activités du front domestique était également en circulation, après sa présentation initiale au musée des beaux-arts de Toronto (maintenant le Musée des beaux-arts de l’Ontario) à Grange Park.
Peu importe où l’exposition de 1919 était présentée, l’image la plus populaire était The Flag, de John Byam Lister Shaw. Ce dernier avait choisi de reproduire le sacrifice d’un soldat canadien en plaçant son corps drapé du pavillon rouge du Canada entre les griffes du lion britannique et en l’entourant des personnes pour lesquelles il s’était sacrifié.
Fait particulièrement émouvant, deux des modèles de cette peinture, qui allaient mourir au cours de la Seconde Guerre mondiale, étaient les fils de Byam Shaw.
Le Musée canadien de la guerre à Ottawa présente une collection étendue des œuvres originales créées pour le projet du Fonds de souvenirs de guerre canadiens. Il comprend aussi plusieurs séries complètes de reproductions commémoratives. De plus, le livre Art at the Service of War (L’art au service la guerre) par Maria Tippett décrit bien l’histoire du programme.