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La guerre de 1812 : La vie de soldat au Canada  (1812-1814) - bannière

Table des matières


Dessin : Blockhouse and Battery in Old Fort, Toronto, 1812, [vers 1921]

Qui servait dans le Haut-Canada?

Lettre Pendant la guerre de 1812, le Haut-Canada était défendu par des forces composites : tout d’abord, un noyau de militaires de carrière, les réguliers britanniques, assurait la garnison des forts et des postes plus petits qui s’échelonnaient depuis Cornwall jusqu’au fort Saint-Joseph, sur le lac Huron. Joignaient leurs rangs, des unités de « Territoriaux » réguliers, soit des coloniaux recrutés dans diverses parties de l’Amérique du Nord britannique, dont les plus connues étaient les Territoriaux de Terre-Neuve et les Voltigeurs du Bas-Canada. Le dernier volet - le plus considérable - de l’armée haut-canadienne réunissait les milices locales.


Les officiers

John Le Couteur avait suivi le parcours usuel d'un officiers de la guerre de 1812. Né en 1794 à Jersey, une des îles anglo-normande, il était le fils du général John Le Couteur et donc destiné au métier des armes. Le Couteurs avait entamé sa carrière par une formation pour futurs officiers de bonne famille. Il était entré tout jeune au Royal Military College et en était sorti en 1810, avec le rang d’enseigne et une première affectation au 96e régiment d’infanterie.

En 1812, il avait été muté au 104e régiment, déjà cantonné au Canada, avec le rang de lieutenant. Officier et gentleman, Le Couteur devait assumer ses frais d’équipement, de subsistance et d’uniforme à même sa modeste solde, arrondie de l’allocation qu’il pouvait obtenir de sa famille. Il fut cantonné dans diverses régions du Haut-Canada pendant la guerre et participa à la bataille de Lundy’s Lane. Le Couteur survécut à la guerre et fut rapatrié en Angleterre en 1817, avec le rang de capitaine. Note no 1


L’un des avantages du service en qualité d’officier était de pouvoir démissionner de sa commission ou vendre celle-ci à profit à un officier de rang inférieur. En temps de guerre, naturellement, la démission devait être autorisée par un officier supérieur, sous peine de sanction pour désertion. Le niveau de vie de l’officier dépendait de sa fortune personnelle, car sa solde - bien que beaucoup plus élevée que celle d’un simple soldat ou d’un sergent - était généralement insuffisante au regard des obligations sociales et du train de vie de rigueur pour son rang.

Les officiers du corps de la milice étaient issus de l’équivalent haut-canadien de l’aristocratie britannique. On attendait des propriétaires terriens tels que William Hamilton Merritt qu’ils occupent un rang de commandement, dans son cas celui de capitaine des Provincial Dragoons (cavalerie). À l’instar des officiers réguliers, ceux de la milice assumaient personnellement les frais d’une bonne partie de leur équipement, ce dont seuls avaient les moyens les membres fortunés de la société haut-canadienne. Au fur et à mesure de l’intensification de la guerre, les officiers de la milice durent affronter un nouveau type de menace. Ils étaient devenus la cible de représailles de la part des habitants pro-américains pendant les périodes d’occupation ennemie; ils étaient parfois même enlevés par des maraudeurs, transportés aux États-Unis et incarcérés jusqu’à la fin de la guerre.

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Les simples soldats

Lettre Le simple soldat, le troupier britannique traditionnel (représenté par un personnage fictif, Tommy Aitkins), était issu d’une classe sociale et économique bien différente. Aux 18e et 19e siècles, on ne connaissait pas la conscription en Grande-Bretagne, mais, vu les conditions économiques difficiles qui étaient le lot des populations tant urbaine que rurale, l’armée présentait des débouchés enviables à des hommes qui n’en avaient guère. Celui qui acceptait le « shilling du roi » après l’incorporation s’engageait pour une longue période de service, généralement de 20 ans ou plus, et pouvait être cantonné dans n’importe quelle partie de l’empire britannique ou sur l’un des théâtres d’opérations contre la France ou les États-Unis, y compris les régions reculées du Haut-Canada. Pendant les campagnes, la ration quotidienne du soldat consistait en une livre et demie de pain, une livre de bœuf frais ou salé et un demi-gill de rhum (2 onces ou 70 ml). Outre la monotonie de ce régime, son apport calorique était insuffisant pour soutenir des hommes soumis à de durs travaux. On estimait à 2 697 calories la ration quotidienne, alors que, actuellement, le régime préconisé pour un homme sédentaire se chiffre à 3 000 calories. Note no 2. En période de campagne, la dépense énergétique du soldat devait de loin dépasser ces niveaux.

En garnison, les soldats avaient plus facilement accès à des aliments et légumes frais, mais les pénuries étaient un problème constant. Les hommes de troupe logeaient dans les casernes, qui servaient aussi de places fortes, dans les divers forts. Aux forts York et George, les simples soldats logeaient dans les fortins; c’est là qu’ils dormaient, mangeaient et vaquaient à leurs occupations. Ces constructions en rondins étaient percées de meurtrières, qui permettaient aux occupants de se défendre en faisant feu sur les assaillants qui réussissaient à franchir les fortifications; mais ces ouvertures les rendaient difficiles à chauffer. Pendant les campagnes, officiers et soldats disposaient rarement de tentes, de sorte que, à moins qu’une maison ou une grange ne leur offre un toit, les hommes dormaient à ciel ouvert.

Dessin : Blockhouse and Battery in Old Fort, Toronto, 1812, [vers 1921]

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Blockhouse and Battery in Old Fort,
Toronto, 1812, [vers 1921]
C. W. Jefferys
dessin, plume et encre sur papier
Collection d'œuvres d'art du
gouvernement de l'Ontario, 621228

En retour de ses services, le simple soldat recevait (bien sporadiquement) un shilling par jour. Il avait aussi périodiquement droit à un nouvel uniforme, qui remplaçait les vêtements usés. En Le Couteur devait payer ses rations et uniformes sous forme de retenues sur sa solde. Le Couteur touchait 4 shillings 8 pence par jour.


Un facteur qui différenciait de façon parlante les officiers des simples soldats était la nature des sanctions qu’on pouvait leur infliger. L’officier pouvait perdre son rang ou être expulsé de l’armée; dans des cas extrêmement rares, il était passible d’emprisonnement ou d’exécution. Au simple soldat, on réservait une longue liste de châtiments corporels, correspondant à diverses infractions plus ou moins graves à la discipline militaire. Le plus courant était la bastonnade, et le nombre de coups dépendait de la gravité du délit. Les déserteurs qui étaient rattrapés étaient soumis à de sévères corrections, et les récidivistes étaient passés par les armes. Des peines analogues châtiaient les délits relevant de la mutinerie, ainsi frapper un officier supérieur ou refuser d’obéir aux ordres.

En service, le milicien recevait une solde et des rations comparables à celles du soldat régulier, mais ne subissait pas le même sort au chapitre des sanctions. Plus souvent qu’autrement, le milicien était un petit fermier sans expérience ni formation aux armes, que la vie militaire laissait assez indifférent. La milice ne pouvait guère recruter par coercition, puisque la désertion était toujours possible pour les recrues, qui servaient dans leur milieu d’origine. Dans les régions occupées par les forces américaines, la libération conditionnelle d’une prolongation de service militaire était également une solution pour de nombreux résidents à qui le service actif répugnait, quel qu’ait été leur point de vue sur la guerre. Obligatoire en principe, le service dans la milice s’apparentait plutôt à un acte de conviction personnelle dans le contexte haut-canadien.

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Les tactiques

Lettre La tactique normalement pratiquée par l’infanterie britannique de l’époque était celle de la ligne de front. Les hommes étaient répartis en deux files, côte à côte, et déchargeaient leurs mousquets à canon lisse par salves disciplinées. Cette tactique était dictée par l’imprécision du mousquet réglementaire, dit « mousqueton britannique », et la nécessité de faire feu de façon concentrée contre une formation ennemie semblable. Également, il régnait la plus grande confusion sur les champs de bataille du 19e siècle. Mousquets et pièces d’artillerie dégageaient une épaisse fumée blanche qui brouillait la vue, empêchant de discerner les adversaires, et les messages du commandant aux divers segments de la ligne ne pouvaient être transmis que verbalement ou par écrit. Il n’était pas rare que ce « brouillard de guerre » dérobe l’initiative aux officiers commandants pour la laisser au hasard ou aux combattants eux-mêmes. En théorie, l’un des deux camps devait finir par tourner les talons devant la charge aux mousquets ou un dernier assaut à la baïonnette.

Le tir de l’infanterie était renforcé par celui d’une légère artillerie de campagne, dont les canons se caractérisaient par le poids de leurs projectiles, de 3 à 12 livres, destinés à abattre des fortifications ou à faucher parmi les rangs de l’infanterie ennemie. À courte portée, les canons pouvaient être chargés « à mitraille », dispersant des douzaines de petites balles de fonte dans un large rayon, comme un fusil de chasse. Les guerriers autochtones servaient de troupes légères, propres à harceler le flanc de l’adversaire. Il va de soi que, dans les forêts touffues du Haut-Canada de 1812-1814, les tactiques classiques n’étaient pas toujours indiquées. Les effectifs des milices, des Premières Nations et des réguliers exploitaient l’abri qu’offraient les arbres, et il était difficile de maintenir les rangs d’une manière le moindrement stricte, sauf en terrain découvert. Ce type de tactique pouvait aboutir à des pertes considérables relativement au nombre de soldats engagés.

Dessin : The Battle of Lundy's Lane, [vers 1921]

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The Battle of Lundy's Lane, [vers 1921]
C. W. Jefferys, O.S.A., A.R.C., S.C.P.A. (1869-1951)
dessin à la plume et à l'encre
rehaussée au blanc de Chine
Collection d'œuvres d'art du gouvernement de l'Ontario, 621234

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Notes de fin de document :
  1. Donald E. Graves (dir.), Merry Hearts Make Light Days, The War of 1812, Journal of Lieutenant John Le Couteur, 104th Foot, Ottawa, Carleton University Press, 1993. [retour]
  2. George Shepard, Plunder, Profit and Paroles: A Social History of the War of 1812 in Upper Canada, Montreal, McGill-Queen's University Press, 1994, p. 109. [retour]

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