La tradition du tour de l’Europe s’était développée pour raffiner les sensibilités de jeunes voyageurs ou « touristes » (le plus souvent des hommes) de classe supérieure. Influencés par les philosophies esthétiques du sublime, du beau et du pittoresque, les touristes « contemplaient » les vastes paysages comme des tableaux. L’itinéraire de la famille Langton l’amena en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Autriche, en Italie et en France. Les enfants recevaient une formation artistique par des maîtres de dessin dès qu’ils s’arrêtaient pendant quelques jours et parfois pendant leurs déplacements. | ||
Leur premier séjour prolongé fut près d’Yverdun en Suisse, où le pédagogue réformateur Johan Pestalozzi avait fondé un institut dans le château de cette ville pour les orphelins de guerre. Sa nouvelle approche encourageait le développement des capacités innées de chacun, l’expérience pratique, l’attention aux perceptions sensorielles et un raisonnement fondé sur les principes fondamentaux plutôt que sur l’apprentissage par mémorisation. On ne tarda pas à inscrire John Langton à l’institut Pestalozzi, tandis que William et Anne recevaient des leçons privées des maîtres de l’institut, le premier à cause de problèmes de santé et la deuxième, à cause de son sexe. |
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Dans une lettre de 1816 à sa sœur Cicely Hornby en Angleterre, Thomas Langton décrivait une journée typique de ce séjour « en pension » au Château de Champ-Pittet en bordure du Lac de Neuchâtel près d’Yverdun : |
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Au cours de ses voyages, la famille Langton visita les chaînes de montagnes « sublimes » aux précipices sauvages, les rivages des « beaux » lacs couchés au fond des vallées alpines et des villages et paysages champêtres « pittoresques ». Les enfants firent de nombreux dessins au cours de leurs voyages ainsi que dans les endroits où la famille s’attarda parfois pendant plusieurs semaines et, dans certains cas, plusieurs mois. Les paysages ruraux et urbains dans lesquels les enfants passèrent leurs années formatrices constituaient un catalogue de délices esthétiques : Gand, Francfort, Yverdun, Interlaken, le Tyrol autrichien, le col du Simplon, Milan, Florence, la campagne romaine, Rome, la baie de Naples, les îles Procida, Ischia et Capri, puis Sorrente, avant le retour vers le nord en direction de Paris…
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La famille était également attirée par les grandes attractions touristiques des villes comme les musées d’art, dont le musée des Offices et le palais Pitti de Florence, la basilique Saint-Pierre de Rome, la place Saint-Marc à Venise, ainsi que par des lieux renommés comme la résidence du réformateur protestant Martin Luther à Heidelberg, le Vésuve et les ruines de Pompéi. Bon nombre de ces vues et attractions figurent dans les œuvres de jeunesse de William et Anne Langton. La collection Langton au Archives publiques de l’Ontario détient trois de ces carnets à croquis. À l’automne 1817, les Langton se rendirent dans le sud de la France. Ils passèrent l’hiver à Montpellier, où ils adoptèrent une routine semblable à celle qu’ils avaient connue à Yverdun. |
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Les Langton fréquentaient des touristes de diverses nationalités qui partageaient leurs points de vue, ainsi que des personnalités des milieux culturels dont Mariana Starke et Isaac Weld, auteurs de récits de voyage. Starke avait rédigé quelques-uns des premiers guides touristiques de l’Europe. Elle était alors engagée dans un grand voyage afin de recueillir des informations pour les nouvelles éditions de ses guides. Weld était déjà célèbre pour son ouvrage où il relatait son voyage en Amérique, Travels Through the States of North America and the Provinces of Upper and Lower Canada during the years 1795, 1796 and 1797. On imagine facilement à quel point ces écrivains ont sans doute pu fasciner et influencer Anne Langton à un jeune âge ainsi que plus tard dans la vie, alors qu’elle s’est mise à son tour à relater ses expériences de voyages et d’émigration. |
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