Un aspect important de l’œuvre de Langton durant les années 1820 et 1830 est la miniature sur aquarelle ou sur ivoire. Elle avait été initiée à cette technique à Paris et elle continua sa formation auprès de Thomas Hargreaves, du Royal Academy, un miniaturiste réputé de Liverpool. Deux des premières miniatures sur ivoires par Anne Langton représentent ses parents, Ellen (en 1825) et Thomas (1827). Anne a peint ces portraits en Angleterre, dans les années qui ont immédiatement précédé et suivi les changements dans la situation financière de sa famille. Les portraits sur ivoire sont montrés ici avec les croquis correspondant extraits des carnets d’Anne Langton. |
||
Cliquer pour un agrandissement (90ko) |
Cliquer pour un agrandissement (153ko) |
|
Cliquer pour un agrandissement (108ko) |
Cliquer pour un agrandissement (125ko) |
|
Cliquer pour un agrandissement (75ko)
|
Langton a représenté ici son frère aîné William en tant que jeune homme du monde cultivé et sensible. William passa les années 1820 à se familiariser avec les milieux de la finance et du commerce dans les entreprises des collègues de la famille Langton, d’abord à Londres, puis à Liverpool. En 1831, il se préparait à s’établir à Manchester en tant que caissier en chef d’une banque appartenant à la famille Heywood. Peu de temps après, Benjamin (qui deviendra Sir Benjamin) Heywood, un important banquier et mécène, le nomme directeur de la banque. La carrière et la fortune de William allait s’épanouir sans obstacle à partir de ce moment. Il devint éventuellement un mécène célèbre de Manchester ainsi qu’un réformateur social, un fin connaisseur des arts et un spécialiste de l'héraldique. En 1836, William connaissait déjà un tel succès qu’il proposa d’assumer les frais courants de ses parents, de sa sœur et sa tante afin qu’ils puissent demeurer en Angleterre. Toujours aussi orgueilleux, Thomas refusa cette aide, avant de finalement permettre à William de rembourser ses créditeurs. |
|
William et sa famille furent les principaux destinataires de la correspondance « canadienne » des Langton après leur émigration, et il fut leur principal correspondant. Au cours des années qui suivirent son arrivée au Canada, Anne a exprimé son désir que William et Margaret viennent au Canada, tout en reconnaissant que Margaret ne serait peut-être pas disposée à faire un tel voyage. Avec le temps, elle accepta le fait qu’ils ne la visiteraient jamais. Heureusement, plusieurs enfants de William et de Margaret visitèrent le Canada au cours des décennies suivantes, donnant ainsi à Anne l’occasion de leur faire découvrir son milieu canadien. Elle les accompagna lors de randonnées à Québec, Montréal, Ottawa, Toronto, Niagara, Peterborough, Blythe Farm et la région des lacs du Kawartha, ajoutant des images de ces endroits dans son carnet de croquis au fil de ses voyages et de la maturation de son talent. |
||
Ce portrait, un document important provenant de la donation récente à la collection Langton, révèle magnifiquement les dons de miniaturiste de Langton. Margaret Hornby, une riche héritière, est représentée en 1831, l’année de son mariage avec William Langton. |
Cliquer pour un agrandissement (68ko) |
|
Cliquer pour un agrandissement (35ko)
| ||
La confiance accrue de Langton et son habileté technique lui permettent de rendre la grâce et la beauté de la jeune future mariée. En faisant un emploi judicieux de traits parallèles, de pointillés, de petits dépôts de peinture et de coups de pinceau larges, Langton compose les divers éléments tactiles et visuels : la robe en mousseline délicate, la rose à la taille de Margaret, l’éclat de ses cheveux bouclés, la gêne dans son teint. Mais surtout, le don de Langton pour saisir l’expressivité des yeux et de la bouche donne vie son modèle, encore aujourd’hui. Dans un rare moment d’appréciation de soi, Anne Langton écrivit au sujet de cette miniature en 1839 :
Cette miniature et le portrait de William, ci-dessus, furent presque certainement peints afin de commémorer leurs fiançailles ou leur mariage en 1831. |
||
Thomas et John, représentés dans le tableau sur la droite en tant que gentilshommes cultivés, examinent des cartes – probablement du Haut-Canada – en préparation de la prochaine initiative de John. Les deux étaient vivement intéressés par l’explosion des connaissances dans les domaines intellectuels et scientifiques et par les nombreuses explorations qui marquèrent le 19e siècle. Thomas, maintenant au début de la soixantaine, continuait d’essayer de récupérer ses pertes de diverses façons, sans remporter beaucoup de succès. Il se porta candidat aux élections municipales, mais fut défait par une seule voix. Nommé directeur d’une nouvelle succursale de la Banque Rothschild à Liverpool, il perdit ce poste à peine deux ans plus tard lorsque la banque fit des compressions. |
Cliquer pour un agrandissement (67ko) | |
Entre-temps, John avait obtenu un diplôme de Cambridge. Bien qu’il ait voulu être avocat, il dut mettre fin à ses études faute de fonds. Ayant travaillé dans une étude d’avocats de Liverpool et ne se sentant pas disposé à devenir pasteur comme le désirait sa mère, il se tourna vers l’émigration comme solution pour faire son chemin dans la vie. | ||
Cliquer pour un agrandissement (96ko)
|
On voit ici Ellen, la mère d’Anne, à 66 ans, la tête appuyée sur sa main, semblant quelque peu accablée par tous ses voyages et difficultés. Ce portrait et les miniatures ci-dessus forment une « galerie » de portraits de famille peints par Anne Langton peu avant l’émigration de son frère John au Haut-Canada, probablement pour servir de souvenirs qu’il apporterait avec lui au Nouveau Monde. Le talent d’Anne pour le portrait était maintenant bien rodé. En posant soigneusement ses modèles, en peignant finement les détails et les textures des costumes, en imitant le teint, la couleur de la peau et les expressions (à l’aide de techniques très variées) et en incluant des objets appropriés, elle évoque le caractère et la personnalité de chacun de ses sujets. |
|
Dans cet autoportrait, Anne se présentait comme le modèle de la dame de bonne famille, raffinée et élégante, tout en démontrant une maîtrise remarquable de l’art de la miniature. À vingt-neuf ans, sans fortune ni possibilités sociales et atteinte d’une déficience auditive, elle n'était toujours pas mariée. Malgré tous ses efforts, la famille ne réussit jamais à retrouver sa fortune. En 1833, John Langton, nouvellement diplômé de Cambridge, émigra au Haut-Canada. Après son départ, la famille emménagea dans une maison plus petite. |
Cliquer pour un agrandissement (76ko) |
|
Cliquer pour un agrandissement (102ko) |
« Tante Alice », la sœur d’Ellen Langton, devient le modèle que suivra Anne Langton : la « tante célibataire » généreuse, toujours prête à aider la famille au fil des besoins (tout en vivant à ses dépens).
|
|
Cliquer pour un agrandissement (217ko) |
||
Le dernier portait montre une amie proche d’Anne, en 1836. Harriet était une des trois sœurs Lowe très proches d’Anne. Tout comme Anne, elles ne se sont jamais mariées et elles ont choisi d’ouvrir une école privée pour jeunes filles près de Londres. Ce portait est le point culminant de plusieurs années d’expérience d’Anne dans la peinture de miniatures. Les détails de la robe et de la coiffure d’Harriet sont délicatement rendus. Anne a capturé de façon experte les traits de son modèle afin de lui donner une expression à la fois confiante et sage. Comme la miniature fait moins de 50 mm de largeur, la précision des détails est remarquable. |
||
En 1837 William, Ellen, Alice Currier et Anne décidèrent d’émigrer au Haut-Canada afin de retrouver John, tout en sachant que leur « projet canadien » était une « idée assez farfelue » pour trois personnes âgées et une jeune femme célibataire (SOF, 45, 46). |